Risques climatiques: Un avenir sombre pour la santé des Marocains

Noyade, paludisme, maladies respiratoires... Le changement climatique va avoir de graves conséquences sur la santé des Marocains.

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FRED DUFOUR/AFP

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), en partenariat avec d’autres organes onusiens et le ministère de la Santé, a publié le 16 novembre un rapport sur les conséquences du changement climatique sur la santé des Marocains.

Le document est alarmant. Il offre des projections à l’horizon 2080, en fonction de deux scénarios :

– Les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont élevées (+5,5 degrés Celsius entre 1990 et 2100).

– Les émissions diminuent rapidement (+1,6 degrés Celsius seulement).

La chaleur : Le nombre de décès à cause de la chaleur risque d’augmenter. Il est de 5 pour 100 000 habitants par an aujourd’hui (données de 1990). Il devrait être de 50 pour le premier scénario et de 14 pour le second. Explication : le changement climatique va s’accompagner d’une hausse des températures mais aussi d’une augmentation de la fréquence de vagues de forte chaleur. Les personnes isolées, âgées et les enfants sont particulièrement vulnérables.

Les diarrhées mortelles : Les maladies diarrhéiques des enfants font de moins en moins de morts au Maroc. La tendance devrait se poursuivre dans les années à venir. En revanche, le changement climatique pourrait contribuer à ralentir cette évolution positive. Et pour cause : la trop forte chaleur est propice à la prolifération des causes bactériologiques de diarrhées.

Le retour du paludisme : L’augmentation des températures provoque aussi l’augmentation de l’incidence voire la réapparition de certaines maladies telles que la dengue, la malaria (le paludisme, dont les cas au Maroc sont strictement importés) ou la schistosomiase. Par exemple, la capacité vectorielle moyenne relative de transmission de la dengue (aptitude du moustique à transmettre l’agent infectieux) devrait passer de 0,22 (chiffres de 1961-1990) à 0,33 en 2070 si rien n’est fait et 0,29 à la même date si des mesures sont prises.

La manque de nourriture : Si rien n’est fait pour s’adapter aux conséquences du changement climatique, le risque de malnutrition au Maroc devrait augmenter, alors qu’au Maroc, la malnutrition infantile frappe déjà 3 % des moins de 5 ans. L’une des explications : le changement climatique provoque des inondations qui elles-mêmes ont des conséquences sur les zones agricoles et donc l’alimentation disponible.

La pollution atmosphérique : la pollution atmosphérique est responsable de la mort de 7 millions de personnes dans le monde chaque année. Les particules fines s’infiltrent dans les voies respiratoires, augmentant les risques de cancer des poumons et de maladie cardiovasculaires. D’après les estimations, si le Maroc arrive à réduire les SLCP (polluants de courte vie), il pourrait éviter 2 000 morts prématurées liées à  la pollution atmosphérique par an.

Les inondations : D’après les estimations, les personnes exposées à des risques d’inondations (liées à l’élévation du niveau de la mer) chaque année seraient au nombre de 187 400 dans le cas du scénario pessimiste et de 53 500 dans le scénario optimiste (et de 100 dans les deux cas si le Maroc prend des mesures pour s’adapter, comme la construction de digues par exemple). En plus, les inondations ont plusieurs conséquences sur la santé : noyade, difficile approvisionnement en eau, éclosion de maladies infectieuses, stress post traumatique des déplacements…

Lire aussi : Le Maroc, bon ou mauvais élève du climat ?

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