Trois initiatives marocaines innovantes dans le recyclage de déchets

Que ce soit de par les déchets traités, le procédé utilisé ou le business model choisi, ces trois acteurs marocains proposent des solutions inédites pour recycler les déchets.

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Premier module de Peps, à Marrakech.

Ce 9 décembre, le pavillon Maroc de la COP21 de Paris abritait une conférence sur la valorisation des déchets. Au Maroc, moins de 8 % des déchets sont valorisés, contre plus de 85 % dans certains pays développés. Le pays s’est fixé un objectif de 20 % à horizon 2020. Mais comme la ministre de l’Environnement Hakima El Haite l’a rappelé, ce sont aussi aux sociétés privées d’innover en la matière. Au Maroc, plusieurs entrepreneurs s’y attellent. La preuve par trois :

Peps, du soleil pour transformer les déchets en électricité

Pour et par le soleil, soit, Peps, est une entreprise de recherche marocaine. Associée à une société guadeloupéenne, elle a développé un procédé innovant permettant de transformer des déchets en charbon, puis en électricité, le tout grâce à un four solaire. Première étape : mélanger tous les déchets, y compris humides (bois, plastique, biomasse…), ensemble, puis les couper pour en faire des granulats. Deuxième étape : les passer dans un four solaire micro-ondes qui en fait du charbon synthétique. « Il s’agit d’une pyrolyse : on fait monter la concentration grâce aux miroirs solaires, les mêmes qui sont utilisés pour le centre Noor d’Ouarzazate », nous explique Hamza El Baroudi, le président de Peps, basée à Marrakech. Troisième étape : passer le charbon dans une turbine pour en faire de l’électricité. « On va utiliser les turbines à charbon classiques, mais les rendre écolos puisque le CO2 qu’elles dégagent va être réinjecté sur les déchets lors de la première étape », nous explique l’entrepreneur.

Pour le moment, le prototype déjà prêt à fonctionner s’arrête à la production de charbon et cette étape est d’ailleurs déjà brevetée. Pour ce faire, les huit ingénieurs marocains travaillant ur le projet ont bénéficié des aides financières de la région Guadeloupe, de la Banque publique d’investissement française et du Cluster solaire initié par Masen, l’agence marocaine des énergies renouvelables. Reste maintenant la dernière étape, « la plus simple », commente Hamza El Baroudi, qui reste confiant sur sa technologie. D’après l’entreprise, un complexe d’un seul hectare permettrait de valoriser 54 tonnes de déchets par jour. À termes, Peps aimerait réinjecter l’électricité fabriquée directement dans le réseau, en restant exploitant.

Kilimanjaro Environnement, de l’huile de friture dans votre voiture

Créée il y a cinq ans par Youssef Chaqor, alors employé d’une multinationale de raffinage, Kilimanjaro Environnement collecte les huiles alimentaires usagées auprès de 3 500 opérateurs (snacks, restaurants, industriels de l’agroalimentaire…). Ensuite, l’entreprise les transforme en biocarburants, qu’elle exporte à l’étranger, en Europe principalement. « Mais nous sommes en négociation pour un usage local », précise Sheryn Ziani, chargée de communication de l’entreprise, qui insiste sur l’intérêt d’une telle substance pour alimenter les transports publics.

Depuis peu, la société a lancé un projet pilote pour collecter également auprès des ménages, dont proviennent les plus gros gisements d’huiles usages déversés dans les canalisations, et donc polluant l’environnement. Aujourd’hui, 50 000 ménages jouent déjà le jeu, à Casablanca, Khouribga et Bengrire.

Kilimanjaro Environnement emploie maintenant près de 70 personnes, certaines d’entre-elles n’ont suivi aucune scolarité, mais ont été formées, à la collecte et au démarchage notamment. À termes, le projet de collecte à domicile ambitionne de créer plus de 2 000 emplois d’autoentrepreneurs, fournisseurs de Kilimanjaro.

Hamri, le chiffonnier à domicile

En pratique, le tri des déchets se fait tous les jours au Maroc. Ce ne sont pas les particuliers qui s’attellent à cette tâche, mais les environ 10 000 chiffonniers, qui revendent ensuite à des intermédiaires qui eux-mêmes fournissent les entreprises de recyclage. Ces personnes subissent des conditions de travail inhumaines et gagnent entre 60 dirhams et 150 dirhams par jour. L’association de protection de l’environnement Bahri et la ville de Casablanca ont lancé un projet pilote en aidant l’un de ces hommes à travailler dans de meilleures conditions. Hamri se déplace alors directement dans les ménages, en fonction de son emploi du temps organisé selon les rendez-vous pris. Appelez-le directement au 06.08.88.88.68. Aujourd’hui, il s’agit d’une initiative isolée et non pas d’une entreprise… pour le moment.

hamri

Lire aussi : « Mikhala », les petites mains du recyclage au Maroc s’organisent

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