« Le processus de rationalisation de la politique énergétique du Maroc permettra le renforcement de l’ambition nationale en matière de développement des énergies renouvelables et ainsi d’atteindre des objectifs plus ambitieux et mieux intégrés », nous annonce d’emblée, Moez Cherif, économiste senior de l’énergie à la Banque mondiale questionné sur la nouvelle reconfiguration de la filière de l’énergie verte.
Pour rappel, suite à la session de travail tenue le 26 décembre au Palais royal de Casablanca, Masen (l’Agence marocaine de l’Energie solaire) et le président de son directoire Mustapha Bakkoury se sont vus attribuer des prérogatives et un domaine de compétences considérablement élargies. Selon le communiqué du Cabinet royal publié à la suite de la réunion, le roi Mohammed VI a demandé aux «différents acteurs concernés que le pilotage des énergies renouvelables, notamment solaires, éoliennes et hydroélectriques, soit désormais assuré par Masen». Ainsi c’est tout le secteur des énergies renouvelables qui tombe sous la coupe de Masen et non plus seulement le solaire.
Pour Moez Cherif, «cette vision stratégique nationale est en parfaite symbiose avec les efforts que consent au quotidien la Banque mondiale pour développer dans les pays où elle opère des secteurs énergétiques performants et respectueux de l’environnement. La Banque se tient à la disposition du royaume pour appuyer son effort de développement des énergies renouvelables ».
Les projets investis
En matière de réformes, la Banque mondiale contribue au financement de la stratégie de croissante verte du Maroc. Deuxième opération d’un programme de 600 millions de dollars conçu pour faciliter le passage du pays à une économie à faible intensité de carbone, le deuxième prêt à l’appui des politiques de développement pour une croissance verte solidaire est axé sur des mesures visant à protéger l’environnement et à préserver les moyens de subsistance des populations les plus vulnérables tout en créant de nouvelles opportunités d’emploi qui ne nuisent pas au climat. « Ce prêt apporte particulièrement son appui aux efforts engagés par le Maroc pour relever ses défis énergétiques en développant le marché des énergies renouvelables, avec la mise en place d’une autorité de régulation de l’électricité, l’ouverture du marché renouvelable de moyenne et de basse tension, ainsi que l’élimination des subventions en faveur des combustibles fossiles », avance l’économiste senior de l’énergie à la Banque mondiale. Cette dernière mesure permettra de dégager d’importantes économies budgétaires et de faire plus de place aux programmes sociaux dans des domaines tels que la santé et l’éducation tout en contribuant à réduire sensiblement les émissions de CO2.
« En termes de projets d’infrastructure, la Banque soutient les efforts actuellement déployés par le Maroc pour réduire sa dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles en développant ses sources d’énergie renouvelable, notamment solaire », ajoute Moez Cherif. Ainsi, la Banque soutient le Complexe Solaire de Noor Ouarzazate, d’une capacité de 510 MW de solaire thermique à concentration (CSP) à travers un financement de 616 millions de dollars (dont 216 millions de dollars par le Fonds pour les Technologies Propres, celle-ci assure l’administration). La Banque soutient également le projet solaire de Noor Tafilalet, d’une capacité totale de 75 MW, qui consiste en trois centrales de technologie solaire photovoltaïque de taille intermédiaire pour une production décentralisée, et ce à travers une enveloppe de 149 millions de dollars (dont 24 millions par le Fonds pour les Technologies Propres). Ces nouvelles centrales devraient remédier aux baisses de tension et aux interruptions périodiques de courant que subissent actuellement les 120 000 habitants de la région. Enfin, la Banque soutient le renforcement des infrastructures de transmission et de distribution électrique du pays à travers un prêt de 190.5 millions de dollars.
Joumana Cobein, directrice IFC Maghreb abonde dans le même sens: «le financement de projets d’infrastructures pour la production d’énergies renouvelables – solaire, éolien et hydraulique – fait partie des priorités des IFC. Alors que le Maroc affiche une stratégie énergétique reposant de plus en plus sur ce type d’énergie, IFC est à même de répondre aux initiatives du secteur privé pour soutenir la demande croissante en énergie, ressource nécessaire au développement économique du royaume».
Il faut noter qu’IFC soutient le programme d’énergies renouvelables marocain à travers ses participations dans ACWA Power, un leader régional dans le secteur de l’énergie impliqué dans le complexe solaire d’Ouarzazate, ainsi que dans ARIF, un fonds d’investissement dédié aux projets de développement des infrastructures, actionnaire du projet éolien de Khalladi aux côtés d’ACWA Power.
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