Enquête: 90 % des jeunes ne veulent pas quitter définitivement l'Afrique

Un sondage a interrogé les dirigeants d’entreprise et les jeunes travailleurs africains sur le « leadership » en entreprise.

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L'égo, pire défaut pour un dirigeant africain, d'après les sondés. Crédit : Unsplash/Pixabay.

L’étude intitulée « Etre un leader en Afrique aujourd’hui… et demain » réalisée par le cabinet Mazars et Morgan Philips Executive search a été publiée ce 21 mars à l’occasion du Africa CEO Forum qui se tient à Abidjan. Il s’agit des résultats d’un sondage mené auprès de 50 cadres dirigeants et 760 personnes âgées de 20 à 35 ans, les fameux « millennials ». Les questions ont porté sur les qualités nécessaires pour être dirigeants, les aspirations professionnelles, les critères pour choisir un employeur, les qualités prises en compte lors des recrutements de managers…

Comment les dirigeants recrutent

Les principales qualités auxquelles les dirigeants interrogés donnent de l’importance dans le recrutement sont le professionnalisme, la capacité à proposer de nouvelles idées et la capacité au travail en équipe. Les connaissances académiques n’arrivent qu’après.

Des profils qui manquent

Si les situations varient nécessairement d’un pays à l’autre (36 pays représentés), il ressort de l’étude que, d’après les dirigeants en place, il ne manque pas de profils de généralistes. En revanche, le continent manque de personnes à fort leadership et créatives (et non de simples exécutants). Certains experts techniques très spécialisés manquent aussi, comme par exemple les ingénieurs (agronomes notamment) et les scientifiques (pharmacologues par exemple).

Pour les sondés, le retour des cerveaux est un atout mais doit être bien géré. Il existe toujours le risque que ces personnes ne s’adaptent pas à l’environnement local, soient condescendantes ou bien déçues. Solutions mises en avant : une expérience hors du continent inférieure à trois ans, et originaire d’un autre pays d’Afrique.

La fin du management paternaliste

La plupart définissent leur management comme étant de type pionnier (je montre la direction à prendre), juste (je prends de décisions rationnelles et suivant des principes) ou amical (je crée un environnement convivial).

Ils attribuent principalement leur réussite en tant que dirigeant aux attributs personnels, à la qualité de leur expérience et à leur expérience internationale, moins qu’à leur réseau ou à leur formation académique. A l’inverse, d’après eux, le premier facteur d’échec d’un leader africain est l’arrogance (être trop autoritaire et dogmatique). Ils privilégient ainsi un style de management moderne et reconnaissent les défauts d’un égo surdimensionné.

La nouvelle génération, plus humaine ?

Concernant la génération Y, les interrogés (plus de 700 mais sondés via les réseaux sociaux, dont le profil n’est pas révélé dans l’étude, mais qui ont pour point commun d’être en activité, nous précise Mazars Maroc) partagent à peu près les mêmes critères de succès que leurs aînés, déjà dirigeants. Mais ils y ajoutent la communication avec les équipes, la capacité à résoudre des problèmes et la confiance en soi. « Quel genre de manager êtes vous ou aimeriez être ? ». « Attentionné avec les autres », répondent en premier les jeunes interrogés.

« Que doivent faire vos dirigeants pour obtenir de vous un engagement total dans votre travail ? » était l’une des questions posées aux sondés de la jeune génération. Pour eux : avoir la possibilité de décider seul la manière d’atteindre l’objectif fixé par leurs supérieurs, savoir que leur travail a un impact positif ainsi que la reconnaissance et la promotion, sont les principales manières de les pousser à s’engager pleinement.

70 % aspirent à des postes de direction générale

Une grande majorité (90 %) de ces jeunes ne veut pas passer la plus grosse partie de leur carrière en dehors du continent. Il semble que les jeunes africains perçoivent des opportunités de travail et d’affaires en Afrique puisque 30 % sont prêts à créer leur propre entreprise. 70 % aspirent à accéder à des postes de direction générale.

« La fuite des cerveaux n’est plus le sujet aujourd’hui, souligne Tyra Malzy, Chief Learning Officer de Mazars et auteur de cette étude. La génération Y africaine veut désormais rester sur le continent […] apprendre en continu. […] Le défi des leaders actuels est donc d’accompagner ces énergies et le développement de leurs compétences. C’est un passage obligé pour que les « Millennials » puissent réellement tirer profit des expériences passées et contribuer à l’évolution du continent ».

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