Cour des comptes: Tamesna, l’échec d’une non politique

Dans son nouveau rapport, la Cour des comptes critique une nouvelle fois Al Omrane. Cette fois-ci, il est question de la création de la ville nouvelle de Tamesna.

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chantier BTP
Photo d'illustration. Crédit : Yassine Toumi.

Lors d’un colloque organisé le 24 mars au sujet de « la ville marocaine de demain », Tamesna était encore prise en exemple de ce qu’il ne faut pas faire en matière de ville nouvelle par les experts. Pour le moment, la construction de cette ville sortie de terre est un échec. Dans son rapport publié le 29 mars, la Cour des comptes s’est intéressée à la gestion de la Société Al Omrane Tamesna (SAT). Elle énonce de nombreux dysfonctionnements.

Déjà, la création de Tamesna « n’a pas été entourée par des conditions nécessaires à sa réussite ». En cause : l’absence de cadre juridique approprié. Hormis une circulaire datant de 2005, il n’existe pas de définition précise de ce qu’est une ville nouvelle. Autre problème : la gestion a été attribuée à une commune rurale « qui n’a pas les capitaux nécessaires pour assurer cette fonction ».

Retard des équipements

Une réflexion préalable défaillante peut-être à l’origine d’importants retards de construction d’infrastructures et d’équipements, qu’ils soient prévus par des partenaires publics ou des partenariats publics privés (PPP).

La Cour des comptes évoque par exemple l’absence de routes appropriées pour accéder à la ville. De manière générale, sur les 118 équipements que devaient construire les partenaires publics, seuls 20 ont été réalisés à fin décembre 2014. Sur les 43 terrains à acheter pour fabriquer des établissements scolaires, seuls six terrains ont été achetés. La ville ne comprend qu’un centre de santé et la grande mosquée construite n’était toujours pas fonctionnelle à fin 2015.

Les PPP n’ont pas été plus concluants. Sur les 51 095 unités de logements prévues par les conventions de partenariat, seuls 15 138 produites, soit moins de 30 % de réalisation. Côté équipements, seuls six unités sur 28 ont été réalisées. Concernant les investissements réalisés, la Cour des comptes ne peut pas donner le taux de réalisation puisque SAT n’assure pas leur suivi. Tous ces retards sont enregistrés malgré le plan de relance de mars 2013.

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Un important stock d’invendus

Si les retards d’équipements peinent ceux qui ont acquis leur bien, ils n’aident pas non plus à séduire de nouveaux acheteurs. Le stock d’unités non vendues est de plus de 1 600 à fin 2014. Les résultats sont bien en deçà des prévisions. Le chiffre d’affaires cumulé de la SAT devait être de plus d’un milliard de dirhams, il n’est que de 130 millions. Le résultat net cumulé ne dépasse pas 9 % de celui qui était prévu dans le décret de création de la SAT.

Plusieurs scandales ont déjà frappé Tamesna. Des acquéreurs ont été lésés à cause de différends opposants Al Omrane à d’autres constructeurs immobiliers. Le roi a même du s’en mêler. En avril 2015, un autre rapport de la Cour des comptes fustigeait déjà Al Omrane Rabat. L’institution avait notamment pointé du doigt un ensemble de 106 villas (le projet Camélias, à Tamesna) qui auraient été réservées au personnel d’Al Omrane et aux fonctionnaires de l’administration publique. Ces biens n’ont donc jamais été mis en phase de commercialisation, comme la réglementation le prévoit pourtant.

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