Que pensent nos politiques de l’agression homophobe de Beni Mellal?

Mustapha Ramid, Nabil Benabdellah et Nabila Mounib s’expriment sur l’attaque homophobe de Beni Mellal qui a été officiellement condamnée par l’Union constitutionnelle dans un communiqué paru le 30 mars.

Par

Credit :capture écran/youtube

L’agression homophobe de Beni Mellal suscite pour le moment une réaction timide dans les milieux politiques, même si la condamnation de l’agression violente est unanime. Seul un parti a réagi officiellement jusque-là. Dans un communiqué publié le 30 mars,  l’Union constitutionnelle a condamné cette attaque qui illustre, selon lui, « un nouveau comportement sociétal dangereux ». ans sa communication, le parti  rappelle « le devoir de protection de la vie privée des personnes, de préserver le principe de non-violation du domicile privé, et de défendre les libertés individuelles».  Dans une sphère politique qui s’est, jusque-là, montrée très réservée, le parti du cheval adopte une position avancée. Mais qu’en pensent les autres acteurs politiques du royaume ? Tour d’horizon de propos recueillis par Telquel.ma

Lire aussi: Agression homophobe de Beni Mellal: une victime condamnée l’autre arrêtée

Mustapha Ramid (Ministre de la Justice, PJD) : « C’est à la justice de trancher »

« La loi incrimine les personnes homosexuelles ainsi que les personnes agressant autrui. En tant que ministre de la Justice, je ne suis pas au-dessus de la loi et je ne dicte pas mon autorité.  C’est a la justice de trancher. S’il s’avère qu’ils sont homosexuels, la justice les punira et s’il s’avère qu’ils ont été agressés, les agresseurs seront punis à leur tour ».

Taher Abouzaid (Union socialiste des forces populaires): « Je ne comprends pas que des citoyens puissent se faire justice eux-mêmes »

Je condamne dans un premier temps l’article [489, ndlr]  du Code pénal où l’homosexualité est criminalisée. Aussi,  je ne comprends pas comment de simples citoyens peuvent se faire justice eux-mêmes, c’est extrêmement dangereux d’autant plus que ce n’est pas la première fois. On a eu déjà des actes semblables à Fès [agression  d’un travesti par la foule, ndlr] et à Inzegane [l’agression de deux filles portant des jupes dans un marché, ndlr]. On a des institutions, des autorités et une justice à même de trancher dans ce type d’affaires, je ne comprends pas la logique de ces personnes. C’est inquiétant. »

Mehdi Bensaid (Parti authenticité et modernité) : «  La condamnation de homosexualité est rétrograde »

« L’agression de ces deux personnes ne peut être que condamnable, quel que soit notre bord politique. On ne peut tolérer ce genre de choses au Maroc. Malheureusement l’homosexualité est punie par la loi, et ce type de loi -qui date du protectorat-  est rétrograde. Il faudrait qu’il y ait un débat sur la question au niveau législatif. Mais comme nous vivons dans une société assez conservatrice, il va falloir y aller de manière assez prudente, vous imaginez même le mariage des mineurs, pose encore problème aujourd’hui »

Nabil Benabdellah (Parti du progrès et du socialisme) : « Ni notre constitution ni l’Islam ne tolèrent ce type d’action »

« La vidéo est d’une violence insoutenable. Quelle que soit la raison, cette violation de l’espace privé est inadmissible. Ni notre Constitution ni l’Islam ne tolèrent ce type d’action. On ne peut peut-être pas parler d’homosexualité dans l’espace public mais on doit pouvoir le faire dans l’espace privé. Il est inconcevable que des personnes se fassent justice elles-mêmes. »

Nabila Mounib (Parti socialiste unifié) : «  Nous vivons une véritable régression »

« Il est outrant que certaines personnes se fassent justice elles-mêmes. Nous vivons une véritable régression. Plutôt que de condamner ces pauvres garçons, je pense que des mesures sévères doivent être prises à l’encontre des agresseurs. Le gouvernement et le ministre de la Justice devraient prendre les choses en main, car il est primordial de défendre l’Etat de droit »

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer