Lors d’une rencontre organisée par la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA), le samedi 9 avril, le ministre de la Santé Houcine El Ouardi a déclaré que «la généralisation de la vaccination dans les élevages avicoles a permis de limiter rapidement l’impact de la grippe aviaire H9N2» rapporte la MAP.
Après avoir rappelé que le secteur avicole génère un chiffre d’affaires «de plus de 30 milliards de dirhams en moyenne annuelle», avec une production de «plus de 560 000 tonnes», le ministre de l’Agriculture et de la pêche, Aziz Akhannouch a, lui, qualifié de «stable et saine» la situation actuelle. Le ministre de l’Agriculture a déclaré que la consommation annuelle par individu en 2015 est de l’ordre de 18 kg, contre 16 kg en 2014.
Les éleveurs de volailles dépités
Ces déclarations aspirent à rassurer les consommateurs sur la non-dangerosité de cette maladie qui a touché récemment la volaille, mais se retrouvent quelque peu nuancées par le courroux de certains agriculteurs. Thami Boukhari, secrétaire général de l’Association national des producteurs de poulets de chair (ANPC), estime que cette sortie est un trompe-l’œil : «Ce n’est pas un problème de consommation, c’est un problème d’éleveurs.» «En accentuant sa communication sur le risque pour la santé des consommateurs, le ministère échappe à la problématique de la précarité des agriculteurs», explique Boukhari qui évoque un taux de mortalité de 50% dans certains élevages, voire 70% dans les plus critiques, touchés par le H9N2.
De son côté, l’Office chargé de la sécurité alimentaire (ONSSA) évoque un chiffre de 3,5%. Contactée, la Fédération du secteur avicole (FISA) estime que ces chiffres sont tout simplement «farfelus» et nous explique que les chiffres évoqués par l’ONSSA se basent sur une étude réalisée au sein des 8 500 fermes agréées, soit 90 % des exploitations que compte le royaume.
Incidence sur les prix du marché
Youssef Alaoui, le président de la FISA nous explique la réalité du secteur : «Dans une ferme d’élevage, il y a ce qu’on appelle une mortalité normale. Quand il y a un cas de grippe, comme chez les êtres humains, les poussins jeunes et âgés sont plus sensibles et le taux de mortalité peut augmenter. Mais les pourcentages ne sont jamais aussi élevés.» Et de rappeler que si les élevages avaient vraiment constaté un taux de mortalité de 50%, «le prix du poulet serait de 30 dirhams au lieu de 12.»
Selon la FISA, les prix reviennent sensiblement à la normale. Hormis le mois de Ramadan où le prix de l’œuf connaît généralement une petite hausse en raison des changements de consommation, ce dernier redescendra rapidement en dessous d’un dirham/pièce. «Pendant une période de grippe, une poule pondeuse est fatiguée et produit beaucoup moins, ce qui explique que pendant un temps, le prix de l’œuf est monté à 1,50 dirham/pièce.» détaille Youssef Alaoui.
Les consommateurs sont-ils rassurés ?
Aujourd’hui, la FISA et le gouvernement accentuent les prises de parole pour rassurer les consommateurs sur la non-dangerosité du virus H9N2. Un éleveur nous confie : « Progressivement, les gens comprennent qu’il n’y a aucun danger pour leur santé, que cela ne concerne que l’animal », et nous précise que la corrélation avec la grippe aviaire en France «n’a pas aidé à clarifier les choses dans l’esprit du consommateur.»
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