Hassan Sentissi : « Les armateurs étrangers amortissent leurs équipements aux dépens du Maroc »

Reconduit le 31 mai à la tête de l’Association marocaine des exportateurs Asmex, Hassan Sentissi partage avec Telquel.ma son diagnostic du secteur et son expérience russe.

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Hassan Sentissi. Crédit : Tniouni

Vous rempilez pour un second mandat à la tête de l’Asmex, une élection qui a fait couler beaucoup d’encre. Que s’est-il passé durant l’assemblée générale ordinaire élective du 31 mai ?

En signant ma candidature, j’ai clairement spécifié que si un candidat se présentait, je retirerai la mienne. Je ne suis pas saturé mais j’aurais préféré passer le témoin. Une association n’est pas faite pour que la même personne la gère toute la vie. Il faut renouveler en termes d’idées et de ressources humaines. D’ailleurs, durant la session, une des adhérentes avait souligné, à juste titre, la faible implication des exportateurs.

Manquez-vous d’adhérents alors que les chiffres annoncent près de 5 000 entreprises exportatrices ?

Nous sommes près de 450 membres et, quotidiennement, nous en accueillons de nouveaux. En réalité, il n’y a pas plus de 520 entreprises qui exportent de façon permanente et en continu. Le reste est constitué de sociétés qui effectuent des opérations d’export à titre ponctuel. Pour pallier cette tendance, nous avons lancé une étude portant sur l’organisation de l’association. Elle est en cours de finalisation. À terme, nous aurons douze bureaux de représentation à travers le pays qui nous permettront de dénicher des exportateurs potentiels et les initier à l’export.

Cette problématique ne date pas d’hier ?

En effet, on m’a confié que le ministère du commerce extérieur a réalisé une étude portant sur l’offre exportable. Elle vise à augmenter nos exportations et, en même temps, diminuer nos importations. Elle n’a pas été concluante, sinon elle aurait été rendue publique. Alors à force de les relancer, on m’a clairement signifié : « Faites vous-même cette étude ». Et ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Actuellement, je suis à la recherche du financement pour faire l’étude.

Quel en est l’enjeu ?

Découvrir les niches des nombreux produits exportables. En valeur, nous importons 40 milliards de dollars, tous produits confondus, et nous n’en exportons que 20 milliards de dollars. Parmi les produits importés, beaucoup peuvent être fabriqués localement mais nous les importons car le consommateur marocain préfère les produits importés.

Et les 20 milliards de dirhams générés par l’export ?

Ce montant n’est pas totalement comptabilisé dans les caisses de l’État. Entre 6 et 8% de cette somme sont jetés à la mer. En d’autres termes, ce sont les frais de transport maritime qui reviennent aux armateurs étrangers. Ces derniers amortissent leurs équipements aux dépens du Maroc. Notre flotte a complètement disparu. Sa reconstitution prendra 20 ou 30 ans. Je me souviens de l’époque où Hassan Chami, alors dirigeant de l’OCE, avait interdit que les exportations marocaines se fassent par les bateaux étrangers.

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