Raja : Mohamed Boudrika risque des poursuites judiciaires

Le Raja continue de défrayer la chronique, non pas sur le plan des performances footballistiques mais sur celui des scandales financiers. La gestion de l’ex-président Mohamed Boudrika va passer au peigne fin des auditeurs.

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Mohamed Boudrika
Mohamed Boudrika, président du Raja. Crédit : DR

Les finances du football marocain font l’actu depuis quelque temps. Après la polémique des finances de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), c’est au tour des clubs de la Botola. Le 19 juin, le Raja a tenu son assemblée générale pour approbation des rapports moral et financier de l’exercice 2014-2015, dont les comptes ont été arrêtés au 31 mai 2016. « Le rapport financier n’a pas été adopté en assemblée générale, les adhérents l’ont rejeté », témoigne un membre de l’association.

La situation du club a atteint son paroxysme depuis qu’il y a eu une saisie arrêt sur les comptes bancaires du club. « Les arriérés dus à la CNSS s’élèvent à plus d’un million de dirhams. L’ardoise fiscale affiche un montant de 30 millions de dirhams », confirme notre source.  En effet, les dettes de financement, qui englobent les emprunts obligataires et les engagements envers les joueurs à fin de contrat, s’élèvent à plus 75 millions de dirhams d’après les documents financiers du club. Rien que les dettes des joueurs vis-à-vis du club, elles sont de l’ordre de 63,7 millions de dirhams à la fin de la saison 2015/2016. Concernant les créances des membres du bureau, estimées à 11,6 millions de dirhams au 31 mai 2016, le commissaire aux comptes remet en doute la sincérité des chiffres en l’absence de comptabilité.

Les dettes du passif totalisent un montant de plus de 33,8 millions de dirhams. Pour les fournisseurs et comptes rattachés, la somme est de l’ordre de près de 15 millions de dirhams. Elle concerne les fournisseurs du club dont les factures n’ont pas encore été réglées à la date de clôture des comptes. Les primes des joueurs cumulent à plus de 10,8 millions de dirhams. Quant au personnel « qui ne sont pas payés depuis cinq mois », indique cet adhérant, plus de 6,9 millions de dirhams sont à débloquer par le club.

Néanmoins, la trésorerie du club affiche un solde débiteur de près de 8,5 millions de dirhams, au 31 mai 2016. En plus, il bénéficie de facilités de caisse auprès d’Attijariwafa Bank. « Ce qui est une aberration. De par ses statuts, une association ne peut pas avoir de comptes débiteurs. Il est interdit de prendre des engagements financiers qui dépassent les recettes », tient à relever cet adhérent.

Les conclusions du commissaire aux comptes, Ahmed Tawfik, dont Telquel.ma dispose d’une copie, sont sans appel. « Devant cette situation, je déclare l‘incertitude de la continuité d’exploitation vu les pertes subies ». C’est dit.

Pour les adhérents, plusieurs recours sont possibles. « Nous allons déposer un recours judiciaire pour demander un audit comptable par voie judiciaire. Par ailleurs, nous avons déjà lancé une expertise comptable par un commissaire aux comptes pour ressortir les anomalies dans les comptes », indique notre source. Et de poursuivre : « Si certaines d’entre elles feraient état de dilapidation de deniers publics, puisque la subvention publique représente 60% du budget du club, nous déposerons plainte auprès du procureur du roi ».

D’ores et déjà, de même source, il est précisé : « Les instances de la FRMF, le comité national Olympique ainsi que le ministère de la Jeunesse et des sports ont été saisis. Nous allons leur présenter nos réserves sur la situation financière et comment le représentant de la FRMF a refusé de déclarer que le rapport financier n’a pas été adopté ».

Le départ de Mohamed Boudrika de la présidence du Raja n’a pas calmé les esprits. Il va falloir s’attendre à des rebondissements.

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