L'associé de Mouhcine Fikri raconte sa version des faits la nuit du drame

Lahcen Chenaoui, l'associé du défunt Mohcine Fikri, le marchand de poisson broyé par une benne à ordures à Al Hoceima, témoigne.

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Lahcen Chennaoui en t-shirt bleu et rose en compagnie d'autres vendeurs de poissons au port d'El Hoceima. (c) Yassine Toumi

Visage crispé, cigarette à la main, Lahcen Chennaoui nous raconte les circonstances tragiques de la mort de son associé Mouhcine Fikri, marchand de poisson broyé par le mécanisme d’un camion-benne dans la nuit du 28 octobre, devant le tribunal de première instance d’Al Hoceima. Après avoir été entendu par la police, l’homme âgé d’une quarantaine d’années a été relâché le 1 novembre. Il témoigne.

Tout débute le 28 octobre à 16 heures, lorsqu’une fourgonnette réfrigérée contenant  500 kilogrammes d’espadon  quitte le port d’Al Hoceima. Le chargement illicite – la pêche de l’espadon n’étant pas autorisée durant les mois d’octobre et de novembre – est signalé aux autorités. Contrairement à ce qu’affirment plusieurs médias, Mouhcine Fikri n’était pas à bord de la voiture réfrigérée lorsque celle-ci est saisie par la police, affirme son associé.  C’est donc dans la soirée que Chennaoui et le défunt se retrouvent après que la police a joint Fikri suite à la saisie de la marchandise.

Les deux hommes se rendent au commissariat de la ville, où on leur annonce la saisie de leur marchandise. Ils rencontrent les représentants des autorités locales à savoir « le pacha, le délégué de la pêche maritime, le chef des services de pêche maritime à Al Hoceima, le caïd et son adjoint (le khalifa), raconte Lahcen Chennaoui. « On a tout fait pour les dissuader de saisir notre marchandise, sans succès », explique-t-il. Alors qu’ils s’apprêtent à quitter le commissariat le délégué de la pêche maritime à Al Hoceima, actuellement poursuivi pour « faux en écriture publique et homicide involontaire » dit aux deux associés : « je ne peux rien faire pour vous, l’affaire est entre les mains des autorités ».

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Il est 22 heures lorsque la foule se rassemble devant le tribunal de première instance situé à quelques encablures du commissariat. Un camion-benne est garé devant le bâtiment, afin de procéder à la destruction de la tonne d’espadon saisie par les autorités. Après avoir tenté de négocier une nouvelle fois avec les autorités, Mouhcine FIkri décide de faire barrage à l’opération en montant à l’arrière du camion-benne. « Il s’est couché dans le véhicule et trois autres personnes l’ont rejoint » se rappelle son associé.  Il enchaîne : « Quelqu’un a actionné le levier de broyage, mais j’ignore de qui il s’agit. Les trois autres ont réussi à s’extirper alors que Mouhcine est resté coincé ».

La foule amassée devant le camion tente tant bien que mal d’arrêter la machine, « mais rien n’y fait ». Les éléments des forces de l’ordre présents sur place « étaient loin du camion » avance Lahcen Chennaoui sans donner plus de précisions. « Après, je ne me souviens plus de rien. Je me suis évanoui » conclut l’associé du défunt.

 

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