Qui est Lamiae Benmakhlouf, la nouvelle patronne du Technopark ?

A 41 ans, Lamie Benmakhlouf est nommée directrice générale de la société gestionnaire du Technopark.

Pour remplacer Omar Balafrej, le conseil d’administration de la société gestionnaire du Technopark a choisi une femme tout aussi engagée, Lamiae Benmakhlouf. Ancienne directrice financière de la firme, elle connaît l’incubateur de start-ups comme sa poche. 

C’est l’heure du déjeuner lorsque Lamiae Benmakhlouf nous reçoit dans les locaux du MITC situé au Technopark de Casablanca. Elle s’active pourtant encore dans son bureau. « Pas de pause pour moi ! », répond-t-elle en souriant lorsqu’on lui fait la remarque. Pas de répit en effet pour cette femme active, d’apparence calme et posée, qui s’apprête à relever nouveau défi dans sa carrière. Le 26 octobre dernier, cette femme qui a intégré la société dès ses débuts a été choisie par le conseil d’administration du Technopark pour remplacer l’ancien directeur général Omar Balafrej, élu au parlement lors des dernières élections sous les couleurs FGD.

Madame Finances

Titulaire d’une licence en sciences économique et d’un DESA en finance de l’Université Mohammed V de Rabat en 2000, elle intègre, deux ans plus tard, le projet naissant du Technopark en 2002, après une courte expérience dans une entreprise familiale. « Quand on m’a sollicité pour le démarrage du Technopark, je n’avais pas l’impression que j’allais dire oui. J’avais plutôt focalisé mes recherches pour travailler dans les métiers de la banque ou de la bourse », se souvient Lamiae Benmakhlouf. Ce qui l’a poussé à changer d’avis ? « C’était un challenge. On me proposait de créer tout un département financier que je dirigerai, puisqu’à l’époque, la partie finance était complètement externalisée ». Défi accepté, et à tout juste 26 ans, la jeune diplômée commence sa carrière sur les chapeaux de roue en devenant directrice financière de l’incubateur à start-ups.

Cette touche-à-tout s’intéresse à tous les aspects de l’entreprise. « Par curiosité professionnelle, je touchais à des choses qui ne relevaient pas vraiment de mon poste, et j’essayais de comprendre comment je pourrai améliorer le fonctionnement. C’est quelque chose que j’ai toujours fait de ma propre volonté ». Son côté entreprenant et multitâches est vite remarqué, notamment par Omar Balafrej, qui est nommé à la tête de la structure en 2008. Promue de directrice financière à directrice opérationnelle et support cette année-là, elle est ensuite nommée directrice générale adjointe à ses côtés en 2011.

Management à l’anglo-saxonne

Côte à côte, ils entament une refonte du système manageriel. C’est un vent de changement qui souffle sur le Technopark: en parallèle avec la duplication régionale de l’expérience de l’incubateur de start-ups, à Rabat en 2012, puis à Tanger en 2015, le duo Balafrej-Benmakhlouf, opère une restructuration de l’organigramme et, plus largement, un « changement d’état d’esprit », en insufflant un nouveau mode de management à l’anglo-saxonne. Une transformation initiée par Balafrej, à laquelle elle adhère et qu’elle compte bien perpétuer. « Je suis adepte de ce concept, encore peu répandu au Maroc, basé sur un mode de management participatif, où on implique toute l’équipe dans les projets, et qui encourage également l’autonomie et l’initiative, tout en tolérant les erreurs et la prise de risques ».

Si elle a suivi tout son cursus au Maroc, cela ne l’a pas empêché d’adhérer aux concepts anglo-saxons de management. Elle décroche, en 2012 un MBA à l’Executive Center de l’Université Al Akhawayn, qui la baigne dans la démarche entrepreneuriale anglo-saxonne. « Il y a dans cette méthode une promotion du capital humain, et une réflexion sur comment motiver les ressources humaines et les impliquer pour atteindre les objectifs communs de l’entreprise », explique Lamiae Benmakhlouf.

Ainsi, pour cette membre de l’International Coaching Association, un institut Canadien où elle est actuellement en cours de certification pour devenir coach professionnel, il ne s’agit pas seulement de diriger, mais également de motiver. « J’essaie de détecter le potentiel de chacun et de l’aider à atteindre ses objectifs. Ce n’est pas évident d’être manager et coach, mais j’utilise ces techniques de coaching dans mon quotidien ». Pour sa part, son équipe semble charmée par ces méthodes et ne tarit pas d’éloges sur Lamiae Benmakhlouf. «C’est plus une leader qu’une manager », « elle est toujours là si on a besoin d’une consultation ou d’un conseil. C’est du management, mais aussi du coaching à la performance », estime-t-on au sein de son équipe.

Une femme engagée

Son engagement entrepreneurial s’étend au-delà de sa vie professionnelle. Membre du conseil d’administration du REM – le Réseau Entreprendre Maroc –, elle y accompagne des jeunes porteurs de projet en tant que mentor, et intervient également au niveau des universités et des écoles, pour inciter et motiver à l’entrepreneuriat féminin.

« Je veux partager mes valeurs de persévérance, de patience et d’endurance avec les futures générations. Il faut aller de l’avant et tout faire pour atteindre ses objectifs », glisse Lamiae Benmakhlouf.  La jeune directrice s’arrête-t-elle de travailler parfois? À l’entendre, ça lui arrive. Elle cite parmi ses loisirs le sport et la musique. « Le sport me permet de me régénérer et de déstresser, et m’offre un moment pour me déconnecter du monde pendant une ou deux heures, ce qui est très important ». La musique, elle, lui permet de s’évader et de rêver.

L’après Balafrej

Après la démission de Balafrej, le choix s’est donc naturellement porté sur elle pour diriger le Technopark. « C’est une femme aguerrie qui possède une grande expérience. Cela fait des années qu’elle travaille au Technopark, et elle représente bien les valeurs de la structure: équité, expérience, innovation », nous confie Oum Kelthoum Lahbabi, une de ses proches collaboratrices. Son prédécesseur lui, est confiant quant à l’avenir de l’incubateur de start-up. « Je suis optimiste quant à l’avenir du Technopark », assure Omar Balafrej, qui rappelle que « Lamiae a suivi l’évolution de Technopark depuis ses débuts et connait bien la structure. Elle va continuer la lancée enclenchée tout en apportant ses propres idées. C’est une femme compétente, qui ne se satisfait jamais de ses acquis et cherche toujours à s’améliorer ».

C’est tout juste débarquée d’un programme intensif de cinq semaines à la Silicon Valley, qui cherche à promouvoir les femmes leaders dans les domaines des sciences et des technologies, qu’elle apprend sa fraiche nomination en tant que directrice générale. Un nouveau défi, certes, mais sûrement pas le dernier pour cette mère de deux enfants.

De nombreux projets l’attendent à l’horizon. Parmi eux, doter les régions du Maroc de Technopark, accentuer les processus d’accélération des starts-ups, pour pouvoir faire sortir des pépites innovantes de l’incubateur,  ou encore une possible extension en Afrique. Ce qui ne semble pas lui faire peur plus que ça. « Il faut faire la part des choses, et canaliser ses espoirs et ses énergies. Mon âge, ma fonction, le fait que je sois maman de deux enfants ne m’a jamais bloqué dans mon élan. Il n’y a pas de freins, quand on veut on peut », conclut-elle.

 

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