Le président de la COP22 Salaheddine Mezouar a tenu une conférence de presse le 12 novembre, à mi-parcours de l’évènement qui se clôturera le 18 novembre. L’occasion de faire le point sur la semaine écoulée à Marrakech et de présenter les enjeux de la semaine à venir. « La première semaine a été extrêmement riche. L’état d’esprit est extrêmement positif. On constate l’engagement de tout le monde pour maintenir la dynamique et aider à ce que cette COP22 soit celle de l’action, » a une nouvelle fois répété Salaheddine Mezouar en introduction.
Les priorités de la présidence
Il a ensuite listé les priorités de cette COP qui ont quelque peu évolué. La première étant de « créer un pont entre monde de la négociation et de l’action ». À ce titre, plus tôt dans la journée lors d’une conférence sur la justice climatique organisée par l’OCP, le responsable du pôle société civile Driss El Yazami plaisantait : « J’entends des gens dire que c’est beaucoup mieux en zone verte [réservée à la société civile et aux entreprises, ndlr] qu’en zone bleue [réservée aux acteurs étatiques]. Mais c’est vrai ! ».
La deuxième priorité fixée par Salaheddine Mezouar est d’« œuvrer pour que les États augmentent leurs engagements dans le cadre des NDCs ». Les NDCs, contributions nationales déterminées, sont les engagements pris par les États pour lutter contre le changement climatique, notamment en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre et augmentant la part d’énergies renouvelables dans leur mix énergétique. Pour l’instant, les engagements actuels sont jugés insuffisants pour maintenir le réchauffement sous la barre des 2 °C.
En troisième lieu, Mezouar entend « faire de la finance climat une priorité de la présidence marocaine ». Cela passera notamment par « l’accroissement des financements disponibles, notamment publics avec la clarification dans le budget des États du montant alloué à la finance climat ». Il s’agira également d’« accroitre l’enveloppe pour l’adaptation » et « d’innover dans les méthodes de financement, notamment pour mobiliser le secteur privé ».
Dans un quatrième temps, le président souhaite que soient « développées des solutions pour les pays les plus vulnérables, notamment les pays en voie de développement. » Qu’a-t-on fait de la dimension africaine de la COP, brandie en étendard avant la conférence, mais quelque peu éludée depuis le 7 novembre ? « Bien sûr, la question de l’Afrique reste centrale. Mais l’Afrique est présente aux côtés d’autres régions qui souffrent aussi des gaz à effet de serre. Quand on fait la somme de toutes les initiatives et annonces depuis le début de la COP, qu’il s’agisse d’énergie, de l’eau, des forêts, des villes, ou encore de l’agriculture, on voit que l’Afrique est bien présente, » défend Mezouar.
Embargo sur les négociations
« Sur les négociations, je voudrais vous informer que les négociations se déroulent dans un esprit évident de coopération. Il y a des progrès sur la majorité des thèmes. Le renforcement de capacité et les projets d’adaptation, notamment. Nous attendons davantage de progrès sur d’autres thèmes, mais les groupes ont bien travaillé, » reste évasif Mezouar. « Les négociations c’est toujours la même chose : tant que ce n’est pas fait, ce n’est pas fait, » résume l’ambassadeur pour la négociation Aziz Mekouar.
Petite annonce néanmoins, un appel de Marrakech a été soumis à l’ensemble des Parties et sera vraisemblablement lu le 15 novembre lors du Sommet des chefs d’État, auquel assistera Mohammed VI. « C’est un appel à l’action et pour le maintien de la mobilisation. Il rappelle les valeurs sur lesquelles nous sommes tous mobilisés. La communauté internationale attend un message fort, pour confirmer que l’esprit de l’Accord de Paris est bien là et perdure, » résume Mezouar.
Rien de neuf depuis Paris donc ? Si. Ce sont désormais 105 pays qui ont ratifié l’Accord de Paris. « Au-delà de l’entrée en vigueur de l’Accord, ça lui donne du poids et de la crédibilité, » juge Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur le réchauffement climatique.
Dernier point lors de cette conférence de presse, l’expulsion du Maroc le 7 novembre, de Suelma Beirouk, vice-présidente du parlement panafricain d’origine sahraouie. « Suelma est toujours venue au Maroc avec un passeport espagnol. Cette fois-ci, elle est venue avec un passeport qui n’est pas reconnu par les Nations unies. Le Maroc n’a fait qu’appliquer la législation internationale. Je crois qu’on lui a donné beaucoup plus d’importance que cette affaire ne le mérite », explique Mezouar. « Cette décision a été prise en concertation avec la CCNUCC, et nous l’approuvons », ajoute Nick Nuttal, porte-parole de la CCNUCC.
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