«Détruire le fascisme islamique», le brûlot contre le concept d'islamophobie de Zineb El Rhazoui

La journaliste et militante franco-marocaine Zineb El Rhazoui, devenue célèbre pour avoir échappé aux attentats de Charlie Hebdo, a publié un livre à charge contre l'islamophobie et critique envers l'islamisme.

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Zineb El Rhazoui officiait il y a peu encore au journal satirique français Charlie Hebdo. Avec Charb, dessinateur décédé dans les attentats qui ont visé cette rédaction, elle avait publié une bande dessinée, « La Vie de Mahomet ». Elle a aussi raconté son expérience des attentats dans un livre intitulé « 13 ». Et elle vient de sortir un nouvel ouvrage, « Détruire le fascisme islamique » en France, aux éditions Ring, éditeur habitué aux thrillers et plutôt campé à droite.

Avec ce livre, Zineb El Rhazoui mène une charge claire et précise dans une polémique bien française, en ouvrant son livre sur une dénonciation de l’idée d’islamophobie, qu’elle considère comme étant une « imposture intellectuelle. »

Pour les sociologues Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, par exemple, auteurs de « Islamophobie, Comment les élites françaises fabriquent le “problème musulman” », l’islamophobie est un fait bien réel, un racisme inscrit dans l’histoire coloniale française et qui s’articule avec l’antisémitisme de manière particulière. La célèbre journaliste Caroline Fourest, elle, argue que l’islamophobie est une création des islamistes qui vise à détourner l’idée antiraciste en leur faveur. Zineb El Rhazoui choisit son camp, parle de l’islamophobie comme un chantage profitant aux islamistes et charge le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qu’elle accuse de « promouvoir indirectement l’idéologie islamiste. »

À gauche, des « collaborationnistes »

Les tenants de l’islamophobie deviennent sous la plume de Zineb El Rhazoui des « collaborationnistes », l’islamisme étant « un fascisme comme les autres » pour l’auteur. Des mots lourds de sens dans le contexte français. Parmi eux, l’extrême-gauche française. Là encore, Zineb El Rhazoui rue dans un débat déjà bien planté. La gauche française est traversée par la question de la laïcité et du rapport à l’islam. Preuve en est, les travaux du professeur à Sciences-Po Gilles Kepel, qui s’en prend aussi dans son livre récent « La Fracture », aux « islamogauchistes », par trop attachés à l’idée d’islamophobie. L’extrême-gauche française donc, selon El Rhazoui serait dans « l’aveuglement » lorsqu’elle se borne à voir en les « Musulmans » un « nouveau prolétariat ». De la même manière, elle met les deux pieds dans un débat qui agite le mouvement féministe français, en s’insurgeant contre le féminisme islamique.

Et la journaliste de mettre en garde contre des « barbus » qui usent de la taquiyya « comme stratégie politique pour parvenir à imposer le joug islamiste par la ruse ». À ce chapitre, El Rhazoui cite l’exemple du PJD marocain : « Le grand changement promis (…) s’est principalement traduit par une politique sournoise de lutte contre l’impiété : petites mesures de harcèlement des consommateurs d’alcool (…) et promotion de “l’art propre”. »

L’islam, une « idéologie »

Toutefois, Zineb El Rhazoui va plus loin : elle consacre un chapitre de son ouvrage à démonter ce qu’elle appelle « la chimère du vrai islam. » El Rhazoui a étudié la sociologie des religions à l’EHESS à Paris, et elle cite divers événements historiques pour dépeindre une religion pour le moins peu amène, avance-t-elle. Son objectif : démasquer le discours islamiste qui dépeint l’islam comme « une religion de paix et d’amour ». Elle relie donc des pratiques qui ont choqué la planète entière comme la réduction en esclavage de femmes par Daech et le corpus religieux classique. Et accuse « ce qu’[elle] appelle l’islamisme, [qui] n’est rien d’autre qu’une stricte application de l’islam. »

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