Privés des sacs plastiques, les industriels de la plasturgie lorgnent le marché du recyclage

La Fédération marocaine de plasturgie a un projet : « zéro déchet plastique dans les décharges » au Maroc en 2025. Une ambition qui n’est pas encore prête d’être réalisable mais qui pourrait redynamiser le secteur.

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Crédit : MattewGollop/Pixabay.

L’industrie plastique veut se mettre au vert. Pour cela, la Fédération marocaine de plasturgie (FMP) compte construire un écosystème de recyclage pour parvenir à atteindre l’objectif de « zéro déchets plastiques dans les décharges » en 2025. Un engagement ambitieux décidé lors des travaux de la COP22.

Objectif « zéro déchet dans les décharges »

« Il faut d’abord que l’on fasse une campagne de sensibilisation tout au long de la chaîne des déchets : des industriels à la ménagère en passant par le chiffonnier qui récupère les ordures » explique Nabil Saouaf, le directeur général de la FMP. Une étape essentielle avant de construire les projets pilotes, même si la fédération ne sait toujours pas dans quelle ville et quand ils pourront commencer à les faire fonctionner. « Ce serait impossible de lancer les décharges pilotes à Casablanca qui est beaucoup trop grande. On pense plutôt le faire dans des petites ou moyennes villes » a tout de même précisé Nabil Saouaf.

Pour financer le projet, le directeur général de la FMP compte contacter des bailleurs de fonds pour lever de l’argent. Mais pour l’instant, ils n’ont pas encore estimé le budget. « La seule chose que je sais, c’est que cela dépasse largement nos moyens » a avoué Nabil Saouaf.

Un projet de recyclage et d’économie circulaire

Pour atteindre l’objectif de zéro déchet plastique, la FMP propose de récupérer les déchets avant leur atterrissage dans les décharges et de créer une filière de recyclage : « On n’attend que la signature des ministères partenaires mais il faut attendre le nouveau gouvernement », précise Nabil Saouaf. 

Plus de 5,3 millions de tonnes de déchets ménagers urbains sont récoltés annuellement au Maroc, mais seulement 8 % des déchets plastiques sont récupérés par les chiffonniers. Le but est donc d’augmenter ce taux de récupération jusqu’à 100 %. « Les filières informelles existent déjà. L’enjeu c’est la structuration et la conformation » explique Hafsa Lakhlifi, chef de la division des filières de valorisation des déchets au ministère de l’Environnement, partenaire du projet de construction d’une filière de recyclage et de valorisation des déchets.

La FMP espère ainsi donner de l’emploi à 25 000 personnes. Un chiffre qui n’étonne pas Hafsa Lakhlifi : « Notre exigence est d’associer les chiffonniers et de les intégrer aux nouveaux processus de recyclage. »

Valoriser les déchets des industriels du plastique

Le directeur de la FMP craint que le secteur puisse être fortement affecté par la loi 77-15 anti-sacs plastiques. « Nous ne pouvons pas encore évaluer ses retombées économiques sur l’activité plasturgique », a avancé Nabil Saouaf. Même s’il répète son soutien à la mesure, il est tout de même préoccupé par la reconversion de certains acteurs qui vivaient du « produit interdit ». Il critique le manque de soutien de la part du ministère dans l’accompagnement au changement d’activité, notamment vers les sacs en toile.

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En plus de l’image verte que veut donner la FMP, c’est  pour des raisons économiques qu’elle se lance dans le projet de revalorisation des déchets plastiques. Dans un communiqué, la fédération déclare son objectif : « Booster la filière du recyclage est non seulement une nécessité actuelle pour le secteur de la plasturgie marocaine mais c’est aussi une source d’opportunités de croissance pour les industriels du plastique », sans indiquer de combien cela pourrait faire progresser l’activité.

« S’il va dans la décharge, le déchet sale se déprécie. S’il est récupéré par les chiffonniers, sa valeur est perdue », s’inquiète le directeur de la FMP. « Au contraire, si l’on aboutit à zéro déchets, les industriels vont pouvoir intégrer le recyclage dans leur activité », a-t-il ajouté. Alors qu’il n’est pas question de diminuer la production de plastique, on est quand même encore loin de parler d’une industrie verte.

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