La valorisation des actifs de la Samir à 21,5 milliards de dirhams suscite quelques interrogations, d’autant que certaines offres annoncées sont supérieures de 10 milliards de dirhams. Qu’est-ce qui explique ce décalage ?
Il faut savoir que nous avons à notre disposition plusieurs expertises évaluant des actifs de la Samir. Il y a celles réalisées par les experts judiciaires bien évidemment, mais aussi d’autres expertises réalisées par des cabinets internationaux pour le compte de la Samir, et pour le compte de certains potentiels investisseurs.
Concrètement, quelle méthode d’évaluation a été adoptée?
Peu importe la méthode, sachez juste qu’elle respecte les normes internationales en la matière. Pour lever toute ambiguïté sur cette question, l’évaluation faite par les experts judiciaires, estimée à 21,5 milliards de dirhams, n’est pas le prix réel de l’entreprise. Il s’agit d’une mise à prix. En d’autres termes, il s’agit d’un prix de départ pour le cas où l’on effectue une vente aux enchères. L’expert désigné par le tribunal est généralement très prudent. Il doit fixer un prix sans que ce dernier soit considéré comme un facteur de blocage à la cession.
Justement pourquoi avez-vous opté pour un appel à manifestation d’intérêt au lieu de la traditionnelle vente aux enchères ?
Le juge commissaire n’a pas opté pour une procédure classique de vente aux enchères, car la Samir est une grande entreprise et non pas un petit fonds de commerce. En plus, il fallait prendre en considération les éventuels acquéreurs qui sont d’importants opérateurs. Ils doivent donc être reçus dans ce cadre-là. C’est pour toutes ces raisons que le juge commissaire a eu recours à l’article 623, qui donne une certaine liberté au syndic. Il fait de lui le principal acteur pour susciter les offres.
Nous avons alors choisi de céder la société en tant qu’ensemble d’unités de production. Tout l’actif de la Samir est mis en vente avec la condition indiscutable du maintien de l’activité de raffinage. Nous ne voulons pas d’un repreneur qui nous ramène juste de l’argent. C’est un outil de production stratégique pour le Maroc, ceux qui viennent investir chez nous doivent nous dire ce qu’ils attendent comme retour de cet investissement et quel bénéfice le Maroc en tirera.
Vous avez déjà reçu des offres. Qui sont ces investisseurs et à combien veulent-ils acquérir les actifs de Samir ?
Nous avons reçu plusieurs candidats, et ce depuis plusieurs mois. La première offre écrite nous a été formulée en juillet dernier et elle était de 2,5 milliards de dollars. Depuis, nous avons reçu au moins 4 offres écrites que je peux qualifier de « sérieuses« . Pour recevoir ces investisseurs dans de bonnes conditions, nous avons fixé une procédure conforme aux normes internationales. L’investisseur doit nous adresser une manifestation d’intérêt, nous rendre visite pour que l’on sache qui va investir et troisièmement on signe un protocole de confidentialité. Tous ceux avec qui nous avons signé ont envoyé leur équipe sur place pour réaliser les due diligences nécessaires à la formulation d’offres.
Qu’adviendra-t-il de ces offres ?
Ces offres écrites sont prises en compte, mais nous attendons que les investisseurs qui les ont formulées terminent les procédures. En clair, ils doivent déposer un dossier en bonne et due forme remplissant les critères que nous avons mentionnés dans l’appel à manifestations d’intérêt (business plan sur 5 ans, offre financière, date effective de la réalisation de la cession, garanties d’exécution de l’offre, emplois … ). Nous avons préféré lancer un avis à manifestation d’intérêt avec un cahier de charges et des critères stricts à respecter par tous les potentiels investisseurs.
Sur quelles bases allez-vous choisir la meilleure offre ?
Lorsque les offres seront reçues, le syndic les étudiera minutieusement. Il les évaluera, les classera en fonction d’un certain ensemble de critères et les soumettra par la suite au juge commissaire.
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