Radars : Le septième appel d'offres sera-t-il le bon?

Le ministère des Transports a lancé pour la septième fois un appel d'offres pour l'octroi du marché des radars avec les mêmes conditions que le précédent, déclaré infructueux. Cette tentative sera-t-elle la bonne ?

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Le ministère de l'Equipement va installer un système de contrôle automatique des infractions routières. Crédit: DR

Septième tentative pour le marché des radars. Le ministère des Transports a lancé, début février,  un nouvel appel d’offres pour l’acquisition et la maintenance des équipements de contrôle et de constatation automatisées des infractions au Code de la route. Le marché des radars a été lancé, et annulé, à  six reprises pour diverses raisons. « C’est un projet difficile, on a dû faire face à plusieurs complications pour la plupart techniques », nous confie une source bien informée. « Un des appels d’offres (AO) a été annulé, par exemple, car toutes les entreprises internationales nous ont fait remarquer que les termes de l’AO étaient dépassés. La technologie évolue rapidement sur ce secteur », ajoute notre source. L’utilisation du  terme « complications », est un euphémisme lorsque l’on sait qu’Abdelaziz Rebbah,  le ministre des Transports,  a été  poursuivi en justice pour abus de pouvoir dans le cadre de l’octroi de ce marché. (Voir encadré).

Un marché de 227 millions de dirhams

Cet appel d’offres sera-t-il le bon ? Ce n’est pas certain puisque les sociétés internationales n’ont plus confiance et doutent du sérieux du marché. La dernière fois que le marché des radars a été lancé, milieu 2016, une seule société a répondu à l’appel. Une offre recalée en raison d’ « un dossier technique mal ficelé », nous avait indiqué le désormais ancien ministre délégué chargé du Transport, Najib Boulif, suite à ce rejet.

On notera également que le nouvel appel d’offres émis par le ministère des Transports correspond en tout point à celui publié durant l’année 2016. Contacté à ce sujet, le directeur des transports routiers et de la sécurité routière au sein du ministère des Transports,  Brahim Baamal, est  resté injoignable malgré de multiples sollicitations. Le responsable aura la lourde tache de faire aboutir ce marché estimé à plus de 227 millions de dirhams.

Les PME hors courses

Comme pour le précédent appel d’offres, le ministère a divisé le marché en 13 lots. 12 lots concernent les besoins de radars en fonction des régions tandis que le treizième est relatif à l’acquisition des logiciels d’exploitation des radars et leur maintenance. Les opérateurs ont pour obligation de soumissionner aux 13 lots. Un point qui a toujours suscité les interrogations. « Nous avons opté pour l’allotissement afin que chaque direction régionale puisse assurer un suivi. Mais cela a posé un problème de taille de marché. Le risque était de n’attirer que des petites entreprises alors que ce sont les géants du secteur qui détiennent la technologie et l’expertise » note notre source proche du dossier. 

Pour être sûr de n’attirer que les grandes entreprises, surtout internationales, le ministère a convenu d’accorder le marché dans sa totalité à une seule entreprise. Et pour élever le niveau de complexité du marché, une sorte de barrière à l’entrée a été mise en place. Les opérateurs intéressés devront s’acquitter de deux cautions provisoires par lot, soit 26 au total,  pour un montant total de 3,4 millions de dirhams.

 

L’affaire Logisoft-Redflex

Le 15 novembre 2014,  les entreprises Logisoft et Redflex sont désignées en tant qu’adjudicataires du marché des radars lancé par le département de Aziz Rabbah. Quatre mois plus tard, le ministre décide d’annuler le marché en se basant sur l’article 45 du décret relatif à la passation de marchés publics pour justifier sa décision. Cet article prévoit la possibilité « d’annuler un marché à n’importe quel état d’avancement de la procédure lorsque les données économiques ou techniques des prestations objet de l’appel d’offres ont été fondamentalement modifiées ». Le groupement Logisoft-Redflex dénonce alors une décision abusive et porte l’affaire en justice. Le ministère avait à l’époque avancé des raisons techniques.

C’est à ce moment qu’il a été décidé de procéder à l’allotissement du marché pour intégrer la vision régionale. Une autre raison a motivé cette volte-face du ministre des Transports, le « niveau de moralité » de la société australienne Redflex dans les affaires et l’exécution de ses projets. L’entreprise Logisoft était, elle, connue du département des transports. Elle avait remporté en consortium avec une entreprise allemande un marché de 150 radars du temps de Karim Ghellab. Sur les 150 radars installés au Maroc,50  n’ont jamais fonctionné car ils n’ont jamais été branchés.[/encadre]

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