A Guergarat, le Polisario surveille camions, drapeaux et cartes du Maroc

Le Front Polisario a installé un poste de contrôle militaire à Guergarat. Pourtant, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a recommandé le retrait de la zone. Le Maroc s’y est conformé.

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Crédit : Javier Otazu/EFE

Une douzaine de soldats du Front Polisario ont monté un poste de contrôle à partir duquel « ils surveillent les véhicules qui passent jusqu’en Mauritanie« , rapporte le journaliste Javier Otazu pour l’agence espagnole EFE qui indique avoir été sur place.

Ainsi, le « point de contrôle » se compose de « deux tours de guet construites avec des pierres du désert, une tente, trois camions de remorquage ouvert de type ‘pick-up’, six drapeaux de la RASD« , décrit l’agence espagnole qui précise qu’au total, « ils sont une douzaine de soldats, bien qu’ils prétendent être vingt« .

Par ailleurs, ajoute EFE, les hommes du Polisario portent des uniformes militaires, mais « ils ne sont pas armés (ou les armes ne sont pas visibles), ils ne demandent pas de documentation aux conducteurs, et n’enregistrent pas le contenu des véhicules« . Toutefois, « ils s’assurent que les camions ne présentent pas des drapeaux du Maroc », précise EFE, ni de cartes complètes du Maroc.

Crédit : Javier Otazu/EFE
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Crédit : Javier Otazu/EFE

« Nous ne nous en irons pas. Nous sommes ici jour et nuit. Et lorsque nous aurons terminé notre tour, d’autres prendront la relève. Nous resterons jusqu’à la fin », a déclaré à EFE un des éléments séparatistes qui s’est improvisé en porte-parole d’un détachement militaire dont il dit qu’il est sans hiérarchie.

À seulement 200 mètres, sur un promontoire balayé par un vent incessant, trois véhicules de la mission de l’ONU (Minurso) se cantonnent « à observer le transit et à l’occasion converser avec les soldats du Polisario, » ajoute le média espagnol.

Tout en refusant de commenter, l’un des agents de la mission onusienne confie sous couvert d’anonymat que « la seule chose » que fait le front séparatiste est de veiller à ce que les camions n’entrent pas avec « des cartes et des drapeaux qu’ils considèrent comme hostiles », rapporte l’agence. L’agent ajoute que la situation est maintenant « calme« .

Le Front avait déjà annoncé le 5 mars qu’il restait positionné dans la zone de Guergarat. Les forces marocaines avaient, elles, annoncé fin février leur « retrait unilatéral » de la zone se conformant ainsi aux recommandations du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, formulées après un entretien téléphonique avec Mohammed VI.

Le Maroc avait entamé en août dernier le goudronnage d’une route au-delà du mur de défense. Mais les travaux avaient été interrompus cet hiver après des incursions de combattants du Polisario qui, selon des médias proches de ce mouvement, avait aussi installé une « base d’appui« . Le mouvement séparatiste conteste l’existence même de la route en question, que le Maroc considère, lui, comme essentielle pour ses échanges avec l’Afrique subsaharienne.

L’ONU s’était alarmée des risques de dérapage dans ce secteur où les tensions étaient vives depuis janvier. Un moment entravé par les combattants du Polisario, le trafic a repris normalement cette semaine sur la route, selon des sources marocaines.

Crédit : Javier Otazu/EFE
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