Hakima El Haité: "Je n’ai jamais cessé de travailler, car je n’avais pas d’indication contraire"

La très médiatique Championne du Climat est à Bonn pour la Climate Change Conference du 8 au 18 mai, à mi-chemin entre la COP22 et la COP23. Hors radars depuis la fin de la conférence de Marrakech, El Haité revient sur le devant de la scène après la confirmation de ses fonctions le 1er mai sur instruction royale.

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Crédit : Yassine Toumi.

L’ancienne ministre déléguée à l’Environnement du gouvernement Benkirane est à Bonn où se déroule du 8 au 11 mai une session de travail à mi-parcours entre la COP22 et la COP23. Confirmée dans ses fonctions de Championne du Climat sur instruction royale le 1er mai, Hakima El Haité explique que malgré l’incertitude de sa reconduction dans ses fonctions qui dépassent les frontières du Maroc, elle a continué à travailler. Privée de passeport ministériel, c’est par visioconférence, depuis le Maroc, qu’elle a mené ses consultations en préparation du rendez-vous en Allemagne. Avec ces co-champions français et fidjien, elle œuvre à la création d’un statut auprès de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)… pour éviter ce genre de déconvenue à l’avenir. De bonne heure, déjà entre deux réunions, Hakima El Haité fait un point rapide avec Telquel.ma.

Telquel.ma: Le Maroc est-il arrivé suffisamment préparé à Bonn, étant donné la période d’incertitude au sein des équipes marocaines qui a précédé le rendez-vous?

Hakima El Haité : Je n’ai jamais arrêté de travailler. J’ai mené plus d’une quarantaine de consultations avec les acteurs non étatiques par visioconférence, depuis le Maroc. Du côté de la championne, le travail a été fait en amont de Bonn, et nous sommes arrivés en Allemagne avec notre plan qui liste les actions prioritaires pour la COP23. Elles portent notamment sur la « mitigation » [atténuation, NDLR] des villes et des territoires. Ce sont leurs élus qui prennent 80 % des décisions sur le climat tous les jours dans leurs bureaux, qu’il s’agisse de la construction, de l’énergie, du transport, etc. C’est pourquoi je coparrainerai le Sommet Climate Chance à Agadir en septembre où je rassemblerai toutes les coalitions climatiques. Tout cela permet de répondre aux exigences de l’Accord de Paris sur la réduction du gap des émissions de gaz à effet de serre.

Les champions du climat ont également été mandatés pour accélérer l’agenda pré-2020, et cela concerne directement les négociations. C’est pourquoi, à Bonn, je rencontre les acteurs étatiques sur l’amendement du Protocole de Kyoto que tout le monde n’a pas encore ratifié et qui permet d’agir sur la réduction des émissions internationales.

Enfin, l’adaptation est aussi mise au cœur de la COP23. Nous avons érigé l’objectif « zéro faim » et cela passe par une action sur les terres dégradées, l’agriculture, les forêts et les océans qui représentent un tiers des protéines mondiales.

Depuis que vous avez été confirmée comme Championne de haut niveau pour le Maroc, mais que vous n’êtes plus ministre déléguée à l’Environnement, quel est votre statut ?

Je ne sais pas encore. Nous avons été confirmés il y a quelques jours et nous avons voyagé très vite par la suite. Je sais à présent que je suis confirmé pour continuer à travailler, ce que je n’ai jamais cessé de faire, car je n’avais pas non plus d’indication contraire. La plus belle récompense, c’était les félicitations et les hommages de Sa Majesté. Il m’a donné encore plus envie de continuer.

Sur le statut des champions, nous avons créé des comités pour que cet agenda ait un support institutionnel au niveau de CCNUCC, et puisse notamment permettre une budgétisation de cette unité. Car c’est une responsabilité nationale, mais également internationale. J’ai par exemple eu des réunions avec des groupes qui demandent aux champions de faire du lobbying pour pousser les négociations sur certains points.

Retrouvez-vous à Bonn l’effervescence d’avant et de pendant la COP22 ?

La session de mai n’est pas une COP, c’est différent. C’est purement une session de travail, avec des consultations pointues, des réunions opérationnelles sur comment ouvrir le financement climatique aux acteurs non étatiques par exemple. Vous avez moins de pitchs à faire, et moins de sollicitations des médias.

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