Mohamed Abdelouahab Rafiki, alias Abou Hafs, a multiplié les sorties médiatiques au lendemain du 14e anniversaire des attentats du 16 mai 2003 pour demander la libération de certains détenus salafistes encore en prison. Pour le salafiste repenti, lui-même ancien détenu, certaines des personnes condamnées après ces attentats ont été victimes d’une « injustice« . Le fqih se propose même de participer à la « déradicalisation » des condamnés toujours emprisonnés. Une cause primordiale pour Abou Hafs qui, en parallèle, milite pour un « salafisme nationaliste » au sein du centre d’études et de recherches « Al Mizane » qu’il a créé en mars 2017.
Telquel.ma: Qu’est-ce qui vous a poussé à demander « justice » pour les salafistes emprisonnés suite aux attentats du 16 mai?
Abou Hafs: À chaque anniversaire du 16 mai, le débat sur les violations des droits de l’Homme durant les arrestations refait surface. Ces violations n’ont pas été traitées jusqu’à présent. Ce sujet est primordial, et le 16 mai est toujours une bonne occasion pour l’évoquer et rappeler à l’opinion publique l’urgence de trouver une solution définitive pour les personnes injustement emprisonnées.
Pourriez-vous citer des exemples?
Dans certains cas, il y a une injustice flagrante. Des personnes ont été arrêtées juste pour avoir participé à un dîner. Lorsque j’étais en prison, l’un de mes codétenus avait été arrêté pour avoir mangé un sandwich fait par l’une des personnes impliquées dans les attentats du 16 mai. Elle a été condamnée à 30 ans de prison. D’autres détenus ont été condamnés pour des faits qui se sont produits lorsqu’ils étaient en prison et ont été condamnés à plus de 15 ans de prison.
Que pensez-vous des détenus qui se sont radicalisés en prison?
Il y a de tout dans les prisons. Beaucoup de personnes ont souffert d’injustice, mais leurs réactions ne sont pas les mêmes. Il y a ceux qui ont décidé de mener une autocritique et de travailler sur eux-mêmes pour éviter d’aller vers davantage d’extrémisme. D’autres, dont de nombreux analphabètes, se sont radicalisés en raison de l’absence d’accompagnement, entre autres. Il n’y a aucun programme pour pousser ces personnes à se remettre en question.
Estimez-vous que l’État ne fait pas assez d’efforts pour empêcher la radicalisation de ces détenus?
Le travail des autorités aurait dû débuter depuis longtemps. On entend dire que la Rabita Mohammedia compte lancer des initiatives afin de réintégrer des détenus salafistes au sein de la société et nous espérons sincèrement qu’elle réussisse. Mais la responsabilité est partagée par tous. Les institutions religieuses et l’appareil sécuritaire doivent assurer le suivi de cette déradicalisation. Ces derniers doivent s’assurer qu’un prisonnier est apte à retrouver la vie en société.
On voit que cette cause vous tient à cœur. Seriez-vous prêt à collaborer avec l’État pour la déradicalisation de salafistes encore en prison?
Je suis tout d’abord prêt à plaider pour les dossiers des détenus victimes d’injustice et défendre leur droit et communiquer avec les parties concernées par ces dossiers afin qu’ils puissent être libérés. Je suis également prêt à mener un débat d’idées avec des détenus. Je suis prêt à assumer cette responsabilité et je suis toujours en contact permanent avec leurs proches.
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