Fermer Al-Jazeera, lâcher les Frères musulmans... le Qatar face à un ultimatum de ses voisins

Doha s’est vu accorder un délai de 10 jours pour restreindre ses relations avec l’Iran et mettre fin aux activités d’Al Jazeera. Les pays du Golfe réclament également une indemnisation pour les torts causés par la politique du Qatar.

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L'Emir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, pendant le sommet du Conseil de coopération du Golfe à Doha le 9 décembre 2014 Crédit: AFP Photo/Marwan Naamani

Treize: comme le nombre de conditions figurant dans une liste que le Koweït, en tant que médiateur, a remise au Qatar ce vendredi 23 juin pour la reprise des relations entre Doha et quatre pays du Moyen-Orient à savoir l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Égypte.

Pour rappel, ces pays ont rompu leurs relations diplomatiques et commerciales avec Doha qu’ils accusent de « soutenir le terrorisme« . Cette liste de 13 conditions a été relayée en exclusivité par l’agence de presse américaine AP. Les voici :

  1. Restreindre les relations diplomatiques avec l’Iran et fermer toutes les représentations diplomatiques qataries en Iran. Expulser les membres de la garde révolutionnaire iranienne présents au Qatar et annuler toute opération militaire conjointe avec l’Iran. Le commerce et les échanges avec l’Iran doivent se faire en conformité avec les sanctions imposées à l’Iran par les États-Unis et la communauté internationale.
  2. Rompre toutes les relations « avec les organisations terroristes », et plus particulièrement les Frères musulmans , le groupe État islamique, Al Qaida, et le Hezbollah libanais. Déclarer formellement que ces organisations sont des entités terroristes.
  3. Fermer Al Jazeera et toutes ses filiales.
  4. Fermer les médias financés, de manière directe ou indirecte, par le Qatar comme Arabi21, Rassd, Al Araby Al-Jadeed et Middle East Eye.
  5. Mettre fin immédiatement à la présence militaire turque au Qatar et mettre fin aux opérations militaires conjointes avec la Turquie sur le territoire du Qatar.
  6. Arrêter tout financement d’individus, de groupes ou d’organisations  désignées comme terroristes par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, le Bahreïn, les États-Unis et d’autres pays.
  7. Remettre des « figures terroristes » et les personnes recherchées par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte et le Bahreïn à leur pays d’origine. Geler leurs fonds et donner toute information désirée concernant leurs résidences, leurs mouvements et leurs finances.
  8. Mettre fin aux ingérences dans les affaires internes des pays souverains. Ne plus accorder la citoyenneté aux personnes recherchées originaires de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Bahreïn. Révoquer la nationalité qatarie pour les personnes dont la citoyenneté est en conflit avec les lois de ces pays.
  9. Mettre fin à tout contact avec l’opposition politique de l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte et le Bahreïn. Remettre tous les documents détaillant les contacts ou soutiens du Qatar avec ces groupes d’opposition.
  10. Payer des réparations et compensations pour les vies perdues et pertes financières causées par la politique du Qatar durant les dernières années. Le montant de ce paiement sera déterminé en coordination avec le Qatar.
  11. S’aligner militairement, politiquement, socialement et économiquement , ainsi que sur les intérêts  économiques,  en respect de l’accord scellé avec l’Arabie saoudite en 2014.
  12. Adhérer à ces demandes dans un délai de 10 jours après leur soumission au Qatar, dans le cas contraire cette liste deviendra invalide. Le document ne spécifie pas ce que les quatre pays feront si le Qatar refuse d’accepter ces demandes.
  13. Se soumettre à un audit mensuel durant la première année suivant l’adhésion à ces demandes, puis à un audit trimestriel durant la deuxième année. Durant les 10 années suivantes, le Qatar sera évalué chaque année.

Depuis l’arrêt des relations diplomatiques entre les pays du Golfe et le Qatar, l’émirat est soumis à un blocus économique. La Turquie, l’Iran et le Maroc ont tous les trois envoyé une aide alimentaire à ce pays qui importait le gros de ses denrées depuis sa frontière avec l’Arabie saoudite.

Dans un communiqué publié le 12 juin par le ministère des Affaires étrangères, le Maroc avait expliqué que son aide se faisait « en conformité avec les préceptes de la religion islamique qui incite à la solidarité et l’entraide » durant le mois de ramadan et n’avait « aucun lien avec les aspects politiques » de la crise entre le Qatar et les autres pays du Golfe.

Le Maroc avait également justifié sa position de « neutralité constructive » par les « principes clairs » régissant la politique étrangère du royaume, et les « liens de fraternité » unissant le roi Mohammed VI et les dirigeants des états membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) dans un autre communiqué publié le même jour par le département de Nasser Bourita.

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