Comment Ahmad Ahmad veut transformer la CAN et la CAF

Des réformes concernant la date, le format et la fréquence de la CAN seront discutées lors du symposium de la CAF qui débute ce mardi à Skhirat. Elles pourraient être validées lors du Conseil exécutif de l’organisation qui aura lieu en fin de semaine.

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Le président de la CAF, Ahmad Ahmad, accompagné du président de la FRMF, FOuzi Lekjaa et Said Naciri. Crédit : Aicpress

Ahmad Ahmad veut remodeler de fond en comble la Confédération africaine de football (CAN) et la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Le président de CAF a animé à Rabat ce lundi 17 juillet, une rencontre avec la presse durant laquelle il a présenté les grandes lignes du symposium de la Confédération dont les travaux débuteront le 18 juillet à Skhirat. Une rencontre lors de laquelle le principal point abordé a été la réforme de la compétition reine du football africain, la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).

Nouveau format, nouvelle date et nouvelle fréquence ?

« La Coupe du monde et l’Euro de football en témoignent, il y a une augmentation du nombre d’équipes participant aux grandes compétitions« , a relevé le président de la CAF suggérant qu’une augmentation du nombre de participants pour les prochaines éditions de la CAN était envisagée.

Dans sa forme actuelle, la compétition oppose 16 équipes réparties en 4 groupes. Ahmad Ahmad a indiqué que les travaux du symposium de la CAF porteront notamment sur le « cahier de charges » et le « format » de la compétition qui seront évalués par les experts de la confédération africaine.

Le président de la CAF a également annoncé que la « date » et la « fréquence » de la compétition pourraient être revues. Pour rappel, la CAN se tient tous les deux ans durant le mois de janvier et de février. Une date qui n’arrange pas toujours la situation en club des joueurs, dont l’écrasante majorité évolue dans les championnats européens. Certains ont même parfois renoncé à participer au tournoi.

Récemment ce fut le cas de l’international camerounais de Liverpool, Joël Matip, qui avait renoncé à participer à la CAN 2017. Le joueur avait été suspendu pour la durée de la compétition par la FIFA pour ne pas avoir répondu à la convocation de son équipe nationale.

Les réformes envisagées par la nouvelle équipe dirigeante de la CAF pourraient être validées dès cette semaine puisqu’Ahmad Ahmad a insisté sur le fait que les travaux du comité exécutif de la CAF se tiendront dans la foulée du symposium.

« Une solution du juste milieu » pour les droits de retransmission télévisée

Le vent de réforme pourrait également s’étendre aux compétitions interclubs africaines. En effet, Ahmad Ahmad a déploré que certaines rencontres ne « soient pas à la hauteur » des attentes des  médias qui sont pourtant les « premiers clients du football« .

S’il concède que « le football ne peut pas vivre de gratuité », le président Ahmad Ahmad  a plaidé pour une solution « du juste milieu » pour permettre aux supporters du continent de suivre leur équipe préférée. Le président de la CAF ne donne pas plus de précision sur cette éventuelle réforme.

Arrêter la « triche » chez les jeunes

Durant son intervention le président de la CAF a également fait part de son intention de revoir la gestion des compétitions des équipes de jeunes, déplorant la « triche » qui caractérise certaines compétitions. Un fléau qui d’après Ahmad Ahmad, impacte les résultats des équipes africaines au niveau international. Celles-ci ont remporté des titres mondiaux au niveau des jeunes, mais aucune au niveau senior.

Par ailleurs, le président de la CAF indiqué que la question du football féminin ne serait pas abordée lors du symposium. « Cette question ne peut pas être abordée comme l’un des points de ce symposium. Une rencontre à part entière doit lui être dédiée. Nous avons du retard dans ce domaine et il existe un blocage culturel. Nous avons besoin de l’appui d’experts« , a-t-il expliqué.

Assainir les finances

La question du financement du football africain sera également évoquée lors du symposium de la CAF. Le président de la Confédération a indiqué à ce titre que la Confédération travaillait à rendre les finances du football africain plus sain. Le Malgache a également indiqué que la CAF souhaitait « redistribuer » ses revenus aux fédérations et a révélé que « 90% des fédérations ont reçu leur allocation de la CAF ».

Ahmad Ahmad a également indiqué que les partenariats entre fédérations, et confédérations permettraient d’améliorer le financement du football africain. Il a notamment révélé qu’il avait eu des discussions avec son homologue asiatique, Salman Bin Ibrahim Al Khalifa, concernant une éventuelle résurrection de la coupe afro-asiatique.

Selon le président de la CAF , cette compétition opposant le vainqueur de la ligue des champions africaine à son homologue asiatique permettrait de « mieux préparer la Coupe du monde des clubs« . La dernière édition de cette coupe a été remportée par le Raja de Casablanca en 1998.

Intervention étatique

Profitant de son passage au Maroc, le président de la CAF a également évoqué la politique africaine développée par la Fédération royale marocaine de football (FRMF). « Le roi Mohammed VI a compris que le football est un élément fondamental de la société et de la diplomatie« , a-t-il déclaré. Pour rappel,la FRMF a signé plus d’une trentaine de partenariats avec les fédérations  africaines durant l’année 2017.

L’implication royale est d’autant plus appréciée par Ahmed Ahmad que « contrairement à l’Europe, l’Afrique ne peut pas gérer le football sans l’intervention des Etats bien qu’il faille établir certaines limites« , a-t-il relevé. Une déclaration faite alors que la suspension du Soudan pour « ingérence gouvernementale » dans les affaires sportives vient d’être levée par la FIFA

Lekjaâ milite pour un changement « radical »

Longtemps en retrait, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Faouzi Lakjaâ n’est intervenu qu’à la fin de cette rencontre. Le patron du football marocain, qui a eu un long entretien avec l’ancien ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar avant son intervention, a milité pour un changement « radical » dans le football africain. Un changement incarné selon lui, par le successeur d’Issa Hayatou à la tête de la CAF.

Concernant la désignation des pays-hôtes de la CAN, le président de la FRMF a déploré le fait que certaines compétitions aient été organisées par le passé uniquement pour faire plaisir aux responsables de certains pays. Lekjaâ a déclaré que la reine des compétitions africaines ne devrait plus « être un levier de vulgarisation du football« . À titre d’exemple, le président de la FRMF a cité le cas de la Coupe d’Europe: « l’UEFA compte 55 membres, pourtant seulement 16 pays ont organisé l’Euro« .

Les travaux du symposium de la CAF auront lieu le 18 et 19 juillet. En plus des responsables de la CAF, des présidents de fédérations et des entraîneurs d’équipes africaines, le symposium verra la participation de légendes du football africain comme Rabah Madjer, Patrick Mboma ou encore Jay-Jay Okocha.

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