Saad Lamjarred : Les coulisses d'un nouveau clip sous contrôle judiciaire

"Let go", le dernier clip de Saad Lamjarred a été produit à Paris alors que le chanteur-star est sous contrôle judiciaire dans l’attente d’un procès où il est accusé de viol. Les facettes judiciaire et artistique avec son avocat et le réalisateur.

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Dessin de Saad Lamjarred - Crédit : Capture YouTube / Soufyane Dada

Près de 4 millions de vues en moins de 24 heures. Le clip de « Let go« , le dernier morceau de Saad Lamjarred publié le 8 août enregistre déjà des statistiques stratosphériques. Faut-il s’en étonner de la part de l’interprète de « Lm3allem« , à qui l’on attribue le record de la chanson arabe la plus vue sur YouTube avec plus de 500 millions de vues ? À côté de ses records, ce clip a la particularité d’avoir été tourné alors que le chanteur-star est sous contrôle judiciaire en France, dans l’attente d’un procès qui devra déterminer de sa culpabilité, ou non, dans une affaire de viol pour laquelle il est poursuivi.

Présumé innocent, le timing de la sortie de ce nouveau morceau fait réagir sur les réseaux sociaux. Avec d’une part des voix qui s’élèvent pour faire part d’un certain mal aise de voir tant de publicité pour un artiste accusé de viol…

… et de l’autre des fans inconditionnels qui se réjouissent de redécouvrir leur idole dans une nouvelle vidéo.

Interrogé par Telquel.ma, l’avocat de Saad Lamjarred, maitre Éric Dupond-Moretti coupe court à la polémique : « Attention, il y a deux choses bien différentes. Il y a d’une part l’interférence des fans avec la procédure judiciaire en cours. Ça, c’est insupportable et j’ai eu l’occasion de m’exprimer là-dessus lorsque des fans voulaient prendre des photos avec mon client dans les couloirs du Palais de justice. Et d’autre part, il y a l’exercice par cet homme de son métier. Sur ce point, il n’y a pas matière à commentaire de ma part. S’il était boucher, boulanger ou maçon, vous ne poseriez pas la question. » Il poursuit par une comparaison avec un artiste bien connu en France : « Notre Johnny Haliday national a lui aussi été mis en examen pour viol à un moment. Avant de bénéficier d’un non-lieu, il a continué son travail d’artiste. Saad Lamjarred n’a pas plus de droits que les autres, il n’en a pas moins non plus. Son contrôle judiciaire ne lui interdit pas de continuer à gagner sa vie. » 

Un contrôle judiciaire qui n’interdit pas à Saad Lamjarred de travailler, mais qui a tout de même nécessité quelques ajustements pour le tournage du clip. « Tout ce qui est lié à son bracelet, on en a évidemment parlé tout au début pour ne pas que ce soit un tabou, » témoigne le réalisateur du clip Alexandre Da Silva, qui confie qu’il travaillait pour la première fois avec un artiste dans ce cas. « L’artiste n’était pas disponible ni tôt le matin, ni tard le soir, car, de mémoire, il n’a le droit de sortir que de 11 h à 20 h. Il prenait donc un taxi-moto à 11 h pour être à 11 h 30 sur le plateau, » poursuit le réalisateur qui précise que le tournage a eu lieu en 48 h, en région parisienne. « Oui, le bracelet électronique il fallait le cacher, car le but n’était pas de faire un clip de gangster. Ça n’a pas été difficile, un jean suffit, » précise-t-il encore.

D’après Alexandre Da Silva, la seule inquiétude sur le tournage concernait les deux tigres de trois mois qui n’avaient pas encore eu le temps d’être complètement dressé par Thierry Le Portier, spécialiste du dressage de félins pour le cinéma (Le Pacte des loups, Gladiator, Deux frères, L’Odyssée de Pi,…) et la télévision (Fort Boyard…). « Toute l’équipe était gaga devant ces jeunes tigres trop mignons, mais comme ils étaient encore sauvages on craignait qu’ils ne massacrent le canapé, ou l’avant-bras de Saad, » témoigne le réalisateur. « Finalement tout s’est bien passé, dans une ambiance très professionnelle. Avant même le montage et l’étalonnage, on était content des résultats. On avait tout préparé avec Saad, qui avait parfois des idées très précises sur les attitudes qu’il voulait mettre en avant. Je l’avais filmé chez lui avant pour sélectionner ces attitudes, » précise-t-il.

Voilà pour le côté artistique. Pour la partie judiciaire, « la procédure suit son cours et il n’y a pas d’audience prévue à ma connaissance« , assure Dupont-Moretti, notant que « la justice est en vacances en ce moment« .

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