Ouverture d'une enquête après le décès d'Ilyas, 29 ans, en garde-à-vue à Safi

Le parquet de Safi a ouvert une enquête après la mort le 29 août d'Ilyas, 29 ans, agent de sécurité. Les versions de la DGSN et de sa famille divergent.

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Crédit : Yassine Toumi

Le procureur de la Cour d’appel de Safi annonce dans un communiqué daté du 29 août l’ouverture d’une enquête par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) sur les circonstances du décès du jeune Ilyas, 29 ans, dès son arrivée à l’hôpital. Le défunt avait été placé en garde à vue pour possession de drogues.

Le parquet a mandaté trois médecins légistes pour effectuer une autopsie sur la dépouille. « Suite à un malaise qui a nécessité son transfert à l’hôpital pour recevoir les soins nécessaires, cette personne a été prise d’un nouveau malaise et a été reconduite à hôpital où elle a rendu l’âme dès son arrivée« , détaille le communiqué.

La famille contredit la DGSN

Dans un premier temps, un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) relayé par la MAP expliquait que le jeune homme, qui exerçait en tant qu’agent de sécurité, était « décédé de complications liées à son état de santé lors de son transfert à l’hôpital provincial de Safi dans une ambulance de la Protection civile« .

La même source précisait que « le défunt a été arrêté mardi vers 3h00, en flagrant délit de possession et de consommation de drogue, avant d’être placé en garde à vue« . Toujours d’après la DGSN, « son état de santé a nécessité son transfert à l’hôpital à 6h45 pour recevoir les premiers soins. Reconduit au siège du service de police, il a eu des complications de santé qui ont nécessité un nouveau transfert à l’hôpital avant de rendre l’âme« .

Contactée par Telquel.ma, la famille du défunt présente une version différente. « Vers minuit, il y a eu une bagarre dans notre quartier. Mon fils a appelé la police et au moment de leur arrivée ils l’ont arrêté et violenté croyant que c’était lui qui était à l’origine de l’échauffourée« , nous raconte son père, Abdeljalil. « Une fois que j’ai appris la nouvelle, j’ai été au commissariat où j’ai attendu jusqu’à 2h du matin. La police m’a dit qu’ils ont trouvé du haschisch sur lui et qu’il allait être gardé jusqu’au lendemain. Sauf que mon fils ne fume pas« , affirme le père.

De retour au commissariat de bon matin, le père d’Ilyas affirme n’avoir appris la mort de son fils qu’à 13h. « Le commissaire de police m’a simplement dit que mon fils est mort sans me donner de détails« , nous dit-il. Le père de famille se rend alors à la morgue pour voir la dépouille de son fils, n’arrivant pas à y croire. « Je l’ai vu. Il a été frappé gravement à la tête« .

« Mort naturelle » et « non naturelle »

Mohamed Rachid Chrii, président de l’Association nationale de défense des droits de l’Homme au Maroc, a suivi l’affaire. « On se demande où et quand Ilyas a été blessé et on réclame qu’une enquête transparente soit menée« , déclare-t-il.

Le père de la victime insiste: « mon fils ne sera pas enterré jusqu’à ce que je sache les causes réelles de sa mortJe ne veux accuser personne, mais j’ai vu de mes propres yeux que mon fils est blessé« , ajoute-t-il.

La DGSN affirme que l’enquête permettra de « procéder à l’audition des témoins et l’examen du dossier médical du défunt qui, selon les premiers éléments de l’enquête, souffrait de maladies chroniques« . Ilyas souffrait en effet d’asthme selon son père.

Si à l’heure actuelle, la famille n’a toujours pas pu consulter le document d’autopsie d’Ilyas, son bulletin de décès leur a été remis. Sur le document dont Telquel.ma dispose d’une copie, les médecins ont coché deux cases : « mort naturelle » et « non naturelle« .

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