Baisse de la croissance à 2,9% et chômage à 10,2% en 2018 selon le HCP

Alors qu'on annonce pour 2017 une accélération du PIB à 4%, la croissance nationale devrait tomber à 2,9% en 2018. Le chômage devrait atteindre 10,7% en 2017 et 10,2% en 2018.

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Ahmed Lahlimi Alami
Ahmed Lahlimi Alami, Haut-Commissaire au Plan. Crédit: Yassine Toumi/TelQuel

Quelques nuages à l’horizon, concernant les perspectives de croissance marocaine en 2018, selon les dernières prévisions du Haut-commissariat au Plan publiées le 13 septembre. Après une année 2017 marquée par un bond de 2,8 points de croissance supplémentaire (de 1,2% à 4%), « les difficultés pour les activités non agricoles à se réinscrire dans le sentier de croissance de plus de 4% réalisé avant la crise économique internationale de 2008 et la forte dépendance de l’activité agricole des conditions climatiques » devraient être à l’origine de la tendance baissière de l’année prochaine, selon le budget exploratoire du HCP.

Mauvaises prévisions agricoles

L’institution dirigée par Ahmed Lahlimi Alami prévoit « une production céréalière moyenne durant la campagne 2017/2018 » qui se traduirait par une croissance négative de l’activité primaire, « qui devrait dégager une valeur ajoutée en baisse de 0,3% au lieu d’une progression de 13,9% estimée pour 2017« . Cependant, les « activités des cultures agricoles non céréalières et de l’élevage permettraient d’atténuer le fléchissement de la production céréalière« .

Les secteurs secondaire et tertiaire devraient poursuivre leur croissance modérée, « sous l’effet d’une reprise lente de la demande mondiale adressée au Maroc en 2018 et du ralentissement de la demande intérieure« . La valeur ajoutée du secteur secondaire serait en amélioration de 2,6% au lieu de 2,4% en 2017. Celle du secteur tertiaire devrait s’accroitre de 3,1% au lieu de 2,6% en 2017.

Chômage à 10,2% en 2018

D’après le HCP, la hausse de l’inflation à 1,6% en 2018 au lieu de 1% en 2017 serait causée par une progression du PIB aux prix courants de 4,5% au lieu de 5% en 2017. Avec cette légère hausse de prix, les crédits bancaires devraient eux aussi augmenter de 5,2% en 2018 au lieu de 5% en 2017.

Le taux de chômage devrait également connaître une hausse, « passant de 9,6% en 2016 à 10,7% en 2017 et à 10,2% en 2018« . Cela serait essentiellement dû à l’évolution de la population active et au ralentissement des créations nettes d’emploi.

Hausse de la consommation des ménages

« La  consommation des  ménages  devrait  s’accroitre  de 3,2%  en volume  et  consoliderait sa contribution à la croissance du PIB à 1,8 point en 2018 », révèle le HCP. « La consommation des administrations publiques, de son côté,  s’accroitrait  de 2% et sa contribution à la croissance devrait se maintenir à 0,4 point. Globalement, la consommation finale nationale augmenterait ainsi de 3% contribuant pour 2,3 points à la croissance économique en 2018« .

Les exportations et les importations en hausse

En 2018, « la demande intérieure devrait progresser de 2,4% en volume au lieu de 3,9% en 2017″. Par conséquent, « sa contribution à la croissance économique nationale baisserait à 2,7 points au lieu de 4,3 points en 2017« .

Quant à la demande extérieure nette, elle devrait contribuer positivement à la croissance du PIB, de l’ordre de 0,2 point en 2018, « suite à une hausse de 6,9% en volume des exportations des biens et services et à une augmentation de 4,9% des importations des biens et services ».

Au total, « les exportations de biens et services devraient enregistrer une hausse de 5,7% en 2018, alors que les importations s’accroitraient de 5,2%« .

Légère amélioration du déficit budgétaire

Bonne nouvelle du côté des finances publiques, puisque le déficit budgétaire devrait être de 3,5% du PIB en 2018. Il, devrait se situer à 3,8% en 2017. Sa résorption se ferait « sous l’effet de la poursuite du processus de rationalisation des dépenses budgétaires et du renforcement de la collecte des recettes, notamment fiscales », précise le HCP.

« Le taux d’endettement du Trésor se situerait à près de 64,1% du PIB en 2018 et la dette publique globale représenterait 80,2% du PIB au lieu de 80,9% pour 2017« .

Par ailleurs, « avec l’hypothèse de consolidation du stock de réserves internationales aux environs de 5 mois d’importations de biens et services, la masse monétaire devrait s’accroitre de près de 5% en 2018« .

« Pseudo-situation de stabilité »

Le HCP alerte en conclusion sur les « déséquilibres structurels au sein de l’économie nationale« , qu’il ne s’agit pas d’occulter malgré la « consolidation des équilibres macroéconomiques durant les dernières années notamment les équilibres financiers, interne et externe, et la maîtrise de la hausse des prix ». Il conclut ainsi à une « pseudo situation de stabilité macroéconomique qui brouille l’éclairage de la prise de décision« .

Il pointe notamment « le déséquilibre du commerce extérieur qui n’a cessé de se creuser, mettant en exergue les faibles capacités d’une offre compétitive de l’économie nationale tant sur le marché domestique que sur le marché extérieur » et le « déficit commercial, qui a été multiplié par plus de quatre fois depuis 2011 pour représenter aujourd’hui presque 20% du PIB (200 milliards de DH) au lieu de 11% au début des années 2000« .

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