Démantèlements violents de campements de migrants : "ces accusations sont dénuées de tout fondement" (ministère de l’Intérieur)

Début août, 187 migrants ont réussi à forcer la frontière séparant le Maroc du préside espagnol de Sebta.

Fin août, l’ONG Human Rights Watch (HRW) pointait du doigt les autorités marocaines, après des allégations de brutalité policière portées par des migrants subsahariens. Une source au sein du ministère de l’Intérieur a répondu, par écrit, à Telquel.ma.

« Le Maroc devrait mettre fin aux démantèlements abusifs et inopinés des campements de migrants, et enquêter sur les allégations à propos d’un usage excessif de la force« , écrivait HRW, dans un communiqué publié lundi 28 août.

Lire aussi : Human Rights Watch dénonce la  »brutalité » policière envers les migrants subsahariens

L’Organisation non-gouvernementale dénonçait la destruction des campements de migrants, dans les forêts et les grottes situées près des enclaves espagnoles de Sebta et Melilla. Se basant notamment sur le récit de trois migrants subsahariens, elle s’insurgeait contre leur renvoi présumé vers les grandes villes du Royaume, sans aucune autre forme d’assistance.

Telquel.ma  : Human Rights Watch demandait aux autorités marocaines de se pencher sur « les allégations d’usage abusif de la force par la police et les Forces auxiliaires marocaines« . Depuis, des enquêtes ont-elles été diligentées à votre niveau?

Ministère de l’Intérieur : Les accusations de l’ONG, faisant état de prétendus démantèlements « abusifs et inopinés » des campements de migrants subsahariens, aux abords des villes spoliées de Sebta et Melilla, sont dénuées de tout fondement. En effet, les interventions des autorités publiques sont destinées à lutter contre les réseaux de trafic de migrants, et sont strictement encadrées par les dispositions légales et réglementaires en vigueur.

Selon les témoignages relayés, les immigrés seraient expulsés, sans aucun accompagnement, vers les principales métropoles du pays. Avez-vous eu connaissance de tels agissements?

Il est à préciser, d’abord, que ces migrants étrangers sont extirpés des réseaux de trafic des êtres humains qui les exploitent. Ensuite, dans le cadre d’une approche humaniste, ils bénéficient de l’assistance des autorités marocaines, en terme de soins de santé et d’hébergement. Il faut également rappeler que le Royaume du Maroc a initié en leur faveur des alternatives inhérentes à la régularisation de leur statut, à leur intégration multiforme au sein de la société marocaine, ainsi que l’éligibilité au programme de retour volontaire vers leur pays d’origine, dans le respect de leurs droits et de leur dignité.

Les cas de mineurs isolés, qui n’auraient pas bénéficié du traitement auquel leur statut donne droit, sont cependant rapportés…

Ces mineurs bénéficient, en tant que migrants vulnérables, d’une protection juridique, via le Code pénal et la loi 02-03, relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc, à l’émigration et l’immigration irrégulières. Ils disposent, d’autre part, d’une assistance socio-éducative, grâce aux programmes mis en œuvre dans le cadre de la nouvelle stratégie nationale d’immigration et d’asile.

Très concrètement, quelles sont les solutions avancées par le gouvernement marocain, afin de résoudre les problèmes soulevés par ces migrants?

Il convient de souligner l’engagement et la détermination des autorités marocaines à garantir une application efficace des Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, relatives à la mise en œuvre de la nouvelle politique migratoire du Royaume. Celle-ci s’inscrit dans le cadre d’une vision globale, humaniste, pleinement respectueuse de nos engagements internationaux, et inclusive d’une coopération multilatérale rénovée.

À cet égard, il est bon de rappeler que la nouvelle « Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile » s’articule autour de trois objectifs prioritaires. Premièrement, elle vise à faciliter l’intégration des immigrés réguliers, et de ceux régularisés dans le cadre de l’opération exceptionnelle de 2014, qui a profité à 23.000 personnes. Depuis décembre 2016, la seconde phase de ce programme est en cours de réalisation. Deuxièmement, il a été mis en place un cadre juridique et institutionnel adapté en matière d’immigration, d’asile et de lutte contre la traite des personnes. Dans ce sens, il sera procédé à la création d’instances chargées de la coordination de l’action des autorités publiques en matière de promotion du droit d’asile et de protection des réfugiés, ainsi qu’en matière de lutte contre les réseaux de traite des personnes et de protection des victimes. Enfin, il s’agit de lutter contre la gestion des flux migratoires irréguliers, à travers le contrôle frontalier et la lutte contre les réseaux de trafic.

Lire aussi : Campagne de régularisation des migrants: ce qu’il faut savoir

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