Coface: L'augmentation des délais et retard de paiement freinent les investissements

Les délais et retards de paiement sont en augmentation, selon un rapport de la Coface. Ceux qui freinent l'investissement touchent tous les secteurs de l'économie, dont le public.

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Le Maroc est l'un des pays les moins performants en termes de délais de paiement. Crédit: DR

Les délais de paiement s’allongent et les retards augmentent. Les conclusions du rapport de la Coface, société d’assurance-crédit dont la mission est de protéger les entreprises d’éventuels impayés de la part d’autres sociétés clientes, publié le 20 septembre, sont alarmants. Les retards continuent alors que la loi 49-15 est censée étoffer le cadre réglementaire régissant les délais de paiement, en réduisant à 60 jours la durée légale entre l’émission de la facture et le paiement. « On espère que la loi en matière de délai de paiement va être appliquée et que l’Etat regarde le dossier avec beaucoup d’importance car les délais de paiement sont un frein majeur à la reprise économique et au climat des affaires« , avait d’ailleurs indiqué à Telquel.ma Ahmed Rahhou, le PDG du CIH, lors de la présentation des résultats de sa banque.

Pourtant, le délai moyen de paiement serait de 99 jours en 2017 contre 82 l’année précédente, selon le rapport de la Coface. « Cet allongement pourrait être temporaire et s’expliquerait par des facteurs conjoncturels. Les entreprises sont nombreuses en effet à s’attendre à une stabilisation des délais et des retards dans les mois à venir« , explique encore l’étude.

Délais moyens de 99 jours

Les résultats préliminaires de l’enquête Coface montrent un allongement des délais de paiement en 2017 « et ce, quel que soit le secteur d’activité, la taille et le type d’entreprises« , est-il précisé. Les délais de 30 à 60 jours qui entreraient dans le cadre de la loi 49-15 sont minoritaires et en chute depuis 2015, passant de 30 à 11%.

La part des délais de paiement supérieurs à 120 jours a donc augmenté significativement, alors que les délais entre 90 et 120 jours se sont stabilisés.

Les entreprise de grande taille (plus de 175 millions de dirhams de chiffre d’affaires) sont plus nombreuses à rencontrer des délais de paiement supérieurs à 120 jours. Pour les entreprises de très petite taille (moins de 3 millions de dirhams), les délais sont beaucoup mieux répartis.

59,4 % des répondants ont observé une dégradation des délais de paiement auprès d’entreprises publiques au cours des six derniers mois (46 % en 2016). Le chiffre est identique pour les entreprises privées (contre 52 % en 2016). Seules les entreprises étrangères semblent être épargnées (les délais de paiement sont stables pour 65 % de l’échantillon).

Le secteur public champion du retard de paiement

« Si en 2016 les retards de paiement avaient tendance à s’améliorer, ils ont tendance à augmenter en 2017« , commence l’étude. « Nos répondants dont les clients sont issus du secteur public sont plus nombreux à enregistrer une augmentation des retards de paiement« , pointe-t-elle du doigt.

Pourtant, en dépit d’une dégradation des conditions de paiement de leurs clients, plus de 83 % de l’échantillon consulté par la Coface n’appliquent pas de pénalité de retard et 36 % favorisent la mise en place d’un accord à l’amiable lorsqu’ils font face à un défaut de paiement de la part de leur client. 30 % des entreprises optent cependant pour un arrêt.

Pour les entreprises exportatrices, « il semblerait que les retards de paiement à l’étranger se concentrent principalement en Afrique Subsaharienne (27 % de l’échantillon) et en Europe (22 %)« , note la Coface.

Une tendance à moins d’investissements

Selon la Coface, « la baisse de la croissance de près de 3 points et la contraction du PIB agricole de plus de 10% ont eu des répercussions sur l’activité des entreprises et ses conséquences semblent perdurer au premier trimestre 2017« . Selon eux, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 15 % en moyenne en glissement annuel au cours de la même période, le pic étant observé entre décembre 2016 et janvier 2017.

Autre explication de l’allongement des délais de paiement : « le manque de liquidités et l’accès au financement des entreprises« . « Le nombre de nos répondants dont la situation de trésorerie s’est dégradée sur les 6 derniers mois est en augmentation par rapport à 2016 (43 % au lieu de 37 %)« , note la Coface. « En effet les entreprises présentant les délais de paiement les plus longs tendent à moins investir que celles dont le délai de paiements moyen observé est inférieur à 60 jours« , continue la société d’assurance-crédit.

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