Le Maroc, pays émergent en 2030 ? Les projections du Centre Marocain de Conjonctures

Dans son dernier bulletin thématique pour l’année 2017, Le Centre marocain de conjoncture (CMC) dresse trois scénarios de croissance à l’horizon 2030. Dans tous les cas, le sous-emploi et le chômage tireront la croissance vers le bas.

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Dépendance du secteur agricole et des chocs externes, déséquilibres profonds caractérisant le marché du travail, chronicité du déficit de la balance commerciale et poids du secteur informel… Le Maroc ne remplit pas toutes les conditions pour être considéré comme un pays émergent. Comment y pallier ? C’était l’objet de la conférence du Centre marocain de conjoncture  tenue le 27 septembre à Casablanca sous le thème : « Le Maroc horizon 2030, quelles voies d’émergences? Les scénarios de croissance ».

Selon le diagnostic opéré par l’observatoire privé sur les 15 dernières années, le taux de croissance s’est établi durant la période 2008-2012 autour de 4,5% par an en moyenne. «L’appareil productif du Maroc reste encore sous-équipé avec une intensité capitalistique relativement faible par rapport à la situation de pays au niveau de développement comparable »,  estime l’économiste M’hammed Tahrauoi.

Trois scénario plus ou moins optimistes

Trois scénarios d’évolution ont été présentés : un scenario de référence traduisant les tendances actuelles, un scénario faible traduisant une situation de baisse de régime et un scenario dit d’«émergence », plus optimiste, dans lequel la croissance serait plus forte et auto-entretenue.

« Les taux de croissance pour chacune des variables retenues ne sont pas uniformes » a expliqué Ahmed Laaboudi, directeur du CMC. Il ajoute que les niveaux respectifs de ces taux sont différenciés selon les périodes, « une différentiation introduite pour tenir compte des changements probables du contexte économique et social d’ici 2030 ».

Le scénario de référence s’appuie sur des hypothèses qui s’inscrivent dans le prolongement des tendances observées en cours de ces dernières années. Selon ce scénario avec une croissance maintenue autour de 4,3 %, l’économie marocaine ne connaitrait pas de profonds changements par rapport à la précédente décennie.

Le scénario de croissance faible présente, quant à lui, une déviation moyenne négative de presque 0,9 point de pourcentage par rapport au scenario de référence. De ce fait, il atteindrait en moyenne sur la période 2016-2030 une vitesse annuelle moyenne de 3,6%.

Concernant le scénario d’émergence, il suppose la sortie de crise des principaux partenaires du Maroc au cours des prochaines années. Cette situation pourrait se traduire par des évolutions positives de ces économies, dont les retombées seraient favorables sur l’économie marocaine. Ce cas de figure présage une accélération de la demande mondiale adressée aux entreprises nationales et se fixerait, selon le CMC, à 3,5% par an.

De grands chantiers lancés par le gouvernement en matière d’infrastructure de base, conjugués aux efforts engagés par les pouvoirs publics pour améliorer l’attractivité du pays, seraient autant de facteurs qui justifieraient la hausse des dépenses publiques, plus particulièrement en ce qui concerne les investissements, au cours des prochaines années. Dans ce même scénario, les investissements sont supposés évoluer à un rythme pouvant atteindre 7,5% par an en moyenne.

Entre baisse du chômage et hausse de productivité

Les projections du CMC restent toutefois pessimistes en ce qui concerne la situation de l’emploi. «L’évolution probable de la population active et de l’emploi sur les 15 prochaines années semble, au vu des tendances démographiques actuelles, contenues dans des limites ne dépassant pas le taux de 1,3% par an», soulève le rapport. Même dans le cas où le taux d’activité pourrait s’améliorer sous l’effet d’une meilleure participation des femmes dans la vie active, l’accumulation du facteur travail atteindrait difficilement le rythme moyen d’activité de 2% par an.

Selon le rapport, «la perspective d’une croissance à 6,5% sur le long terme permettrait, en l’absence de toute perturbation exogène, de réduire de façon significative le chômage et ramener son taux à une moyenne variant de 7 à 7,5% sur le long terme. Ce scénario permettrait également de ramener le ratio du solde budgétaire du PIB à des niveaux plus soutenables».

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Émergence, mode d’emploi

Il n’existe pas de critères types pour qualifier un pays d’émergent. Néanmoins les points les plus utilisés par les experts font appel aux 4 indicateurs suivants :

Une croissance économique potentielle : elle doit être supérieure à 5 % sur le long terme.

La démographie : la population doit être jeune et éduquée et avec une croissance démographique notable. Pour certains économistes, posséder 100 millions d’habitants est un minimum afin de constituer un marché domestique important.

Une économie diversifiée : l’économie ne doit pas être dépendante des exportations de matières premières. Des secteurs comme l’industrie et les services sont donc développés.

La stabilité politique : les institutions politiques doivent être stables pour permettre la mise en place de politiques économiques de longue durée (plans sectoriels, constructions d’infrastructures…).[/encadre]

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