A Agadir, les promoteurs de la moquée Anza défendent leur projet à 35 millions de dirhams

La polémique autour de la construction d'une mosquée à Agadir, dont le budget dépasse les 35 millions de dirhams, n'est pas près de prendre fin. TelQuel Arabi s'est rendu sur place pour écouter les uns et les autres. Reportage.

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Maquette du projet de la mosquée Ibn Tachfine à Anza (DR).

Sur le site de construction de la mosquée Youssef Ibn Tachfine, à Agadir, les initiateurs du projet nous informent d’emblée qu’ils ont commencé à creuser les fondations. Une manière pour nos interlocuteurs de nous informer de leur volonté de poursuivre ce chantier malgré la pétition lancée par des activistes pour dénoncer les 35 millions de dirhams que coûtera le projet.

Lire aussi: Une pétition contre la construction d’une mosquée à Agadir

Depuis quelques jours en effet, ce véritable complexe religieux qui devrait s’étendre sur une superficie de 8.712 m² et disposer de deux salles de prières (dont une réservée aux femmes), de 17 locaux commerciaux, d’une école coranique d’une capacité de 200 apprenants, d’un internat doté de 142 lits, d’une blanchisserie et d’une cuisine fait débat à Agadir.

Mohammed VI en arbitre

Tout commence le 22 novembre lorsque Mohamed Reda Taoujni, militant associatif, lance une pétition pour s’opposer à la construction de cette mosquée, financée par des mécènes. Contacté par TelQuel Arabi, il affirme avoir voulu « attirer l’attention de l’opinion publique quant au coût élevé de ce projet alors que la priorité doit être donnée à des projets à caractère social« . C’est ainsi qu’il décide de lancer la pétition qui a déjà réuni plus de 900 signatures, au Maroc comme à l’étranger.

Afin d’obtenir plus de soutiens, Réda Taoujni n’a pas hésité à écrire au roi Mohammed VI pour réclamer  son arbitrage.

« C’est un luxe« , affirment certains signataires de la pétition parmi lesquels figurent Abou Hafs, des oulémas et des imams d’Agadir.  « Il est normal qu’on s’oppose à un tel projet. Un hôpital sera plus utile aux habitants et la récompense (divine pour les mécènes, NDLR), pourrait être double« , affirme pour sa part Fadoua Rejouani, militante des droits humains à Agadir.

Les mécènes n’en démordent pas

Dans le quartier Anza qui compte plus de 40.000 âmes, nous sommes allés à la rencontre de Aziz Benbrik, le président de l’association des mécènes qui est à l’initiative de cette mosquée

(Vidéo: Mohamed Baila pour TelQuel)

« Nous ne comprenons pas toute la polémique autour de cette mosquée. Notre association est légale et les habitants saluent notre initiative« , nous déclare Aziz Benbrik.

« Nous avons commencé à creuser les fondations et le financement provient de mécènes et non de l’argent public. Nos détracteurs n’ont qu’à suivre notre exemple et initier des projets socioculturels sur les lots de terrain jouxtant la mosquée« , ajoute notre interlocuteur.

Aziz Benbrik invite les opposants à son projet à s’adresser aux autorités pour demander des financements pour des projets à caractère social. Il estime par ailleurs qu’ils n’ont pas le droit de « parasiter » l’édification d’un lieu de culte par des mécènes selon une vieille tradition enracinée dans la société marocaine.

(Said Ouhmane pour TelQuel Arabi. Editing: Mohammed Boudarham)

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