Les Canaries s’inquiètent des forages pétroliers autorisés par le Maroc au large de ses côtes

Les gisements offshore concernés s'étendent sur une zone de près de 24.000km2, située entre le Maroc et l'archipel espagnol des Canaries (crédits: Pius Utomi Ekpei / AFP/Archives)

La société civile et les dirigeants politiques des Îles Canaries (Espagne) s’inquiètent des forages pétroliers autorisés par le Maroc au large de Tarfaya. Le gouvernement autonome en appelle au pouvoir central de Madrid, afin qu’il obtienne davantage de garanties de la part de Rabat.

« Les eaux autour de Fuerteventura sont en péril », a déclaré Marcial Morales, président de l’île la plus proche du rivage marocain. Pour ce responsable canarien, le danger est premièrement environnemental, en raison d’une grave menace pesant sur la biodiversité de l’archipel. Sa seconde préoccupation est d’ordre économique, avec une éventuelle pollution qui pourrait avoir des répercussions sur le secteur touristique.

Selon le site espagnol ABC, le ministre de l’Économie canarien préparerait une pétition à adresser au gouvernement central de Madrid, afin qu’il obtienne davantage d’informations de son homologue marocain sur les détails du forage. « Ces relations doivent se faire d’État à État », estime Pedro Manuel Ortega.

Deux députés du groupe parlementaire Ciudadanos (centre-droit) à la Chambre basse espagnole ont posé une question dans le même sens aux ministres concernés. Quant à la Coalition canarienne (CC), au pouvoir dans ces îles situées à quelques dizaines de kilomètres des côtes méridionales du Maroc, elle a fait circuler une motion de rejet dans toutes les instances où elle siège – n’excluant pas de porter le contentieux devant l’Union européenne.

Cette mobilisation politique, précédée par celle des écologistes la semaine dernière, n’est pas sans rappeler celle qui avait abouti à l’arrêt des prospections de la compagnie espagnole Repsol, lancées en 2013 dans cette même zone. « Le peuple canarien est descendu dans la rue et a manifesté contre Repsol. Aujourd’hui, l’Espagne ne peut pas rester impassible devant le fait que le Maroc, qui est à côté de nous et partage notre mer, mène lui aussi des prospections », a déclaré Guadalupe González Taño, secrétaire de la coalition.

Un partenariat a été signé le 20 décembre 2017 entre l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM, actionnaire à 25%) et le pétrolier italien ENI (75%), en vue de l’exploitation de la zone « Tarfaya Offshore Shallow ». D’une superficie de 23.900km2, pour une profondeur allant de zéro à 1.000 mètres, le gisement s’étend de Sidi Ifni à Tarfaya, jusqu’aux îles espagnoles de Fuerteventura et de Lanzarote. Selon ABC, c’est le Maroc qui a réalisé des études bathymétriques et sismiques « de très haute résolution, à l’aide d’un équipement technique acquis en 2015 ».

Contactés par Telquel.ma, ni l’ONHYM ni le ministère marocain de l’Énergie, des mines et du développement durable, n’ont pu être joints dans l’immédiat. 

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