"Des milliers" de manifestants à Jerada ce samedi au terme d'une semaine de contestations sociales

Trois semaines après le décès de deux mineurs dans un puits clandestin d’extraction de charbon à Jerada, le mouvement de contestation local persiste et diversifie ses formes de protestation. Ce samedi, les comités des quartiers et de ses environs se sont réunis pour effectuer une marche en direction de la place centrale de la ville.

Par

Jerada. Les manifestants sur la place central de Jerada, baptisée "Place des martyres". Samedi 13 janvier

« Alternatives économiques ». C’est le mot qui revient le plus souvent lorsque les habitants de Jerada et de sa province sont interrogés sur le motif de leurs manifestations. Cette semaine encore, la ville a connu une série de manifestations, dont la dernière, la plus importante, a été organisée ce samedi. Les organisateurs évoquent « des milliers de marcheurs » sans qu’il n’ait été possible de vérifier ces assertions de source indépendante.

« Mardi dernier, les habitants ont éteint les lumières entre 20 heures et 21 heures. Mercredi, nous avons porté des brassards rouges pour montrer l’attachement à nos revendications. Jeudi, nous avons ouvert des débats dans les quartiers. Vendredi, Nous avons organisé des marches nocturnes avec des bougies à la main pour mobiliser les gens pour la marche provinciale. Samedi, tout le monde s’est réuni à la Place des martyres » énumère Abdessamad Habbachi, 35 ans, habitant de la ville et membre du comité du « Hirak » local.

Aujourd’hui à 16 heures, les habitants de Jerada et de sa province ont répondu présent à l’appel au rassemblement à la place centrale baptisée « Place des martyres ». Au même moment, les boutiques et commerces de la ville ont fermé « en guise de soutien à la manifestation » nous indique Habbachi.

26239287_1503317879786147_4528156045986565353_n

S’il reste difficile d’estimer le nombre des participants, les organisateurs parlent de « milliers de marcheurs ». « Des barrages routiers ont été placés à l’entrée de la ville » nous déclare Mohamed Addadi, membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) de Jerada. D’après l’acteur associatif, aucune arrestation n’a eu lieu, mais « les manifestants qui sont arrivés dans des véhicules ont été pointés dans les barrages ».

Des comités de quartiers pour « encadrer »

En tout, ils sont une soixantaine de jeunes que les manifestants ont désigné par quartier pour dresser un cahier revendicatif aux autorités. « Nos demandes sont scindées en deux: celles qui sont urgentes et celles qui nécessitent du temps » nous déclare Habbachi. Parmi les demandes réclamées en urgence on trouve en premier lieu des « offres d’emploi pour les jeunes de la ville et de la province », la « baisse des factures d’eau et d’électricité dans les foyers » ainsi que la l’«urgence de traitement pour les habitants atteints de silicose ».

           Lire aussi : Jerada: témoignages au cœur de la « silicose valley »

Pour les mesures publiques que les manifestants veulent inscrire dans la durée, notre source cite la « remise à niveau des infrastructures existantes, des écoles, hôpitaux et centres culturels de la ville », la « mise en place d’une zone industrielle » et la « revalorisation de l’agriculture dans la province ». « Nous essayons d’encadrer toutes les formes de manifestation » commente Abdessamad Habbachi.

26730849_1503320116452590_3423595216847042100_n

Parmi les leaders du mouvement, il y a des diplômés chômeurs, des personnes travaillant dans les mines clandestines ainsi que des anciens responsables syndicaux.  « Tout le monde œuvre pour préserver le caractère pacifique de ce Hirak » relève notre interlocuteur, insistant sur le maintien des marches et sit-in pour « faire valoir les revendications inscrites dans le cahier revendicatif » nous déclare-t-il.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer