Hirak: première audience pour les accusés poursuivis pour crimes

Les accusés poursuivis pour des crimes ont comparu devant le juge pour la première fois depuis le début des audiences des 54 détenus du Hirak, lundi 26 février à la Cour d'appel de Casablanca.

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Aicpress

Une salle quasi vide accueillait lundi soir la suite du procès des 54 détenus du Hirak à Casablanca. Les journalistes présents sur les bancs réservés au public se comptaient même sur les doigts d’une main. Ceux qui avaient pour habitude de couvrir les audiences se sont tournés vers les mésaventures de Taoufik Bouachrine, directeur du journal Akhbar Al Yaoum, qui comparaissait au même moment devant le procureur général de la Cour d’appel de la capitale économique.

Jamal Bouhaddou, qui est poursuivi pour « incitation à commettre des crimes et des délits« , était le premier à être appelé à la barre par le juge Ali Torchi. À la surprise générale, l’accusé décide de garder le silence, dans le but de contester  le procès-verbal du juge d’instruction. Il a même demandé l’autorisation, à travers une demande écrite, de quitter le tribunal et de retourner en prison, « en raison de son état de santé ».

À en croire ses avocats, Jamal Bouhaddou souffre de troubles psychiques qui l’empêchent de dormir. « Sa présence dans cette salle est un miracle« , s’exclame Me Fechtali. Mais ce ne fut pas assez pour convaincre ni le juge, ni le représentant du parquet, qui estiment que « le prévenu est en pleine possession de ses moyens, et ne fait qu’exercer son droit au silence« .

Le juge décide malgré tout de confronter Jamal Bouhaddou à certaines pièces à conviction servant de base aux chefs d’accusation retenus contre lui. Il s’agit d’une série de publications Facebook dans lesquelles il dénonce « l’occupation marocaine du Rif » ou encore espère une « intervention militaire espagnole dans le Rif« .

Pourtant, Jamal Bouhaddou demeure tout à fait interdit, alors que sa défense réclame l’exécution d’une expertise médicale afin de s’assurer de l’état de santé de son client.

Lost in translation

Après une courte pause, Houceine Al Idrissi apparaît à son tour devant la Cour. Il est poursuivi pour « complot dans le but de porter atteinte à la sûreté intérieure de l’État« , un crime passible de réclusion de cinq à vingt ans. L’homme est aussi accusé de cinq délits, dont l’interruption délibérée de l’exercice d’un culte, en l’occurrence, la prière du vendredi 25 mai.

Ce « journaliste-caméraman de profession » a couvert des mois durant les événements d’Al Hoceïma, et était présent sur les lieux lors des affrontements entre forces de l’ordre et citoyens, dans les rues avoisinant le domicile de Nasser Zafzafi.

Accusé d’avoir réceptionné « 500 dirhams servant à financer le Hirak de la part du Polisario« , il conteste la transcription et la traduction de la conversation téléphonique (en rifain) servant de base à ce grief par les équipes de la Brigade nationale de la police judiciaire, et réclame la diffusion de l’enregistrement audio, en présence d’un interprète.

« La Cour avait antérieurement accepté d’assigner un traducteur. Où est-il ?« , demande Me Messaoudi, du comité de défense. Ce à quoi le procureur répond que l' »Institut royal de la culture amazighe a été contacté en la personne de son président, et qu’une réponse n’a toujours pas été formulée« . À l’issue de l’audience, le juge a décidé de reporter le procès à l’après-midi du 27 février.

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