Ahmed Boukhari, l'un des "faucons" du Polisario, n'est plus

C'est une grande consternation chez les séparatistes. Ahmed Boukhari, représentant permanent du Polisario à l'ONU, est décédé le 3 avril en Espagne. Sa mort changerait-elle quelque chose dans la machine diplomatique de la RASD ? Eléments de réponse.

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Ahmed Boukhari Crédit: AFP / RYAD KRAMDI

A quelques jours de la publication du premier rapport sur le Sahara du duo Guterres-Köhler, attendue à la fin de ce mois, la nouvelle a fait l’effet d’une douche froide pour le Polisario dans les camps de Tindouf et ailleurs.

Ahmed Boukhari, représentant permanent des séparatistes à l’ONU, a rendu l’âme des suites d’une longue maladie (un cancer), le 3 avril à Bilbao en Espagne. Il était âgé de 64 ans.

« Le défunt, Boukhari Ahmed, membre du Secrétariat national du Front Polisario et représentant permanent auprès de l’ONU est décédé mardi soir, 3 avril 2018, des suites d’une longue maladie incurable », a indiqué un communiqué de la RASD qui a décrété un deuil de sept jours.

« En fait, les jours d’Ahmed Boukhari étaient comptés et depuis deux ou trois mois, il ne mettait plus les pieds à l’ONU où il est secondé par Mhammed Khaddad, coordinateur du Polisario avec la MINURSO », nous révèle une source sahraouie.

Ayant rejoint le Polisario dès sa jeunesse, Ahmed Boukhari, de la tribu des Ouled Dlim, était considéré comme étant l’un des « faucons » du front séparatiste, à tel point qu’il était lui aussi pressenti pour succéder à Mohamed Abdelaziz.

Depuis plusieurs années, il hante les couloirs de l’ONU en tant que représentant permanent du Polisario en remplacement de Mouloud Ould Said que le Front a dépêché en tant qu’ambassadeur en Afrique du Sud.

Un homme de réseaux et de lobbies

« C’était l’un des architectes du réseau des lobbies du Polisario à l’ONU et auprès des ONG. Il était aussi arrivé à tisser des relations très personnelles avec des décideurs au Congrès américain », commente Abdelmajid Belghzal, grand connaisseur de la question du Sahara.

Ahmed Boukhari était engagé à plein temps dans son travail à l’ONU. Nos sources parlent d’un travailleur acharné et, contrairement à l’écrasante majorité de la direction du Front, le fait qu’il soit un bon anglophone lui a énormément facilité la tâche.

Sa mort changerait-elle alors quelque chose dans le (long) processus de recherche d’une solution au conflit du Sahara. « Malgré la place de premier ordre qu’il occupait, son décès ne changera rien. Chez le Polisario, l’institution et la mission priment sur la personne« , répond Abdelmajid Belghzal.

N’empêche, le Polisario, en même temps que le deuil, doit vite lui trouver un remplaçant en ce mois d’avril, une sorte de « haute saison » pour la question du Sahara à l’ONU.

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