Délais de paiement: le Maroc dépasse largement la moyenne mondiale

L’assureur-crédit Euler Hermes vient de publier une nouvelle étude mondiale sur les délais moyens de paiement. Avec 83 jours au lieu de 66 dans l’ensemble des 36 pays audités, le Maroc se situe parmi les pays où il faut être le plus patient pour se faire payer.

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Le Maroc est l'un des pays les moins performants en termes de délais de paiement. Crédit: DR

Après avoir connu un pic en 2011 (90 jours), le laps de temps moyen entre la livraison et la date de règlement client a tendance à se stabiliser au Maroc. Stagnant depuis trois ans à 84 jours, il vient de connaître une très légère baisse d’une unité en 2017.

Dans le détail, les secteurs les plus affectés sont ceux qui travaillent principalement en B2B, avec un cycle de production conséquent. Les machines et des équipements arrivent ainsi en tête (230 j.), suivis des technologies (140 j.), de l’électronique (131 j.), des transports (114 j.), de l’industrie pharmaceutique (95 j.) ou encore du BTP (85 j.). De l’autre côté, le B2C connaît les « DSO » (Days Sales Outstanding) les plus courts, notamment dans l’alimentation (62 j.), le pétrole et le gaz (46 j.), ainsi que le commerce de détail (43 j.).

Croissance et destruction

« Cette stabilité générale à un haut niveau peut signifier deux choses », analyse dans les colonnes de L’Économiste Stéphane Colliac, expert sénior en charge de la France et de l’Afrique chez Euler Hermes. « Soit les entreprises accordent des délais de paiement plus conséquents, parce qu’elles veulent profiter des opportunités nouvelles associées à la croissance de l’économie. Soit les entreprises subissent ces délais de paiement. Les deux sont probablement vrais, puisque dans le même temps le pays a enregistré une croissance plutôt forte (+4% en 2017) et que les défaillances d’entreprises ne cessent d’augmenter (doublement entre 2012 et 2017, dont 12% l’année dernière) ».

Selon un rapport d’Info Risk publié fin janvier, les défauts de paiement sont à l’origine de 40% des banqueroutes de société au Maroc. Si une nouvelle loi sur le sujet, votée en 2016, était censée entrer en vigueur en octobre 2017, elle n’a toujours pas été « véritablement » appliquée, selon l’économiste français.

À l’échelle mondiale, l’augmentation annuelle est de deux jours (de 64 à 66), atteignant un plus haut depuis 2007. Par ailleurs, les écarts se creusent, avec 1 acteur économique sur 4 payé en moins de 31 jours, tandis qu’un autre quart reçoit ses règlements plus de trois mois après avoir livré commande.

Trois groupes de pays se dessinent. La Nouvelle-Zélande (43 j.), les pays scandinaves, l’Autriche, la Suisse, les Etats-Unis et les Pays-bas font figure de bons élèves. L’Allemagne, le Canada, le Brésil et le Royaume-Uni fluctuent autour de la moyenne globale, tandis qu’une douzaine d’autres nations affichent les plus mauvais résultats: la France (73), l’Italie (83), le Maroc (83), et surtout la Chine, bonne dernière avec plus de 92 jours de retard.

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