Le harcèlement sexuel, un « péché » selon Al-Azhar

Autorité religieuse majeure dans le monde sunnite, l'université égyptienne condamne le harcèlement sexuel et appelle les autorités à le « criminaliser » en « punissant les auteurs ».

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Les professeurs d’Al-Azhar veulent se donner une image plus progressiste. Crédit: AFP PHOTO/ BEN CURTIS

Une image plus progressiste pour Al-Azhar ? Par un communiqué, diffusé sur son site le 27 août, la prestigieuse institution de l’islam sunnite basée au Caire a exprimé de manière explicite sa condamnation vis-à-vis de toutes les formes de harcèlement sexuel.

Qualifiant cet « acte déviant », que subissent la majorité des Egyptiennes au quotidien, de « péché », Al-Azhar exhorte les autorités à faire respecter la loi de 2014 en « criminalisant ces actes » et en « punissant leurs auteurs« .

Une position clairement défendue par l’autorité religieuse, souvent réputée conservatrice, qui déclare que « l’habit ou le comportement de la femme ne doit en aucun cas justifier d’un tel acte », et que le « harcèlement constitue une atteinte à la dignité et à la liberté de la femme« . Et à Al-Azhar de se référer au Coran pour rappeler que l’islam impose le respect des femmes et interdit le harcèlement.

Opération relooking ?

La sortie médiatique d’Al-Azhar serait due, selon l’institution, à la multiplication sur les réseaux sociaux « ces derniers temps » de témoignages de femmes victimes de harcèlement. Mais, pour Baudoin Dupret, directeur de recherche au CNRS en islamologie et docteur en sciences politiques, par cette déclaration l’institution religieuse souhaiterait en réalité se donner une image plus progressiste et entendrait ainsi « jouer un rôle social en Egypte« , explique-t-il au média français La Croix.

Dans ce sens, le chercheur note que ce n’est pas la première fois qu’Al-Azhar s’exprime sur le sujet, mais que dans ces annonces précédentes, l’institution sunnite « estimait que la femme avait une part de responsabilité. » 

A noter que l’ONG Euro Med Rights jugeait, dans un rapport sur la violence à l’égard des femmes en Egypte, le Code pénal égyptien lacunaire en la matière : « Bien que le Code pénal ait récemment redéfini et abordé le harcèlement sexuel dans le nouvel amendement apporté à l’article 306, cet amendement demeure insuffisant et limité par nature, dans la mesure où il ne considère le harcèlement sexuel comme un crime que si l’intention de l’auteur de cet acte est d’obtenir des faveurs sexuelles. »

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