"Garden of memory", conversation des arts au musée YSL

Jusqu’au 16 septembre, le musée Yves Saint-Laurent de Marrakech accueille l’exposition « Garden of memory ». Une conversation entre les artistes Etel Adnan, Bob Wilson et Simone Fattal, avec en toile de fond une chorégraphie qui associe poésie, sons et sculptures.

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Les stèles de Simone Fattal instaure une relation intime entre les oeuvres d'Etel Adnan et Robet Wilson Crédit: ©Fondation Jardin Majorelle / Photographies de Jaimal Odedra

Trois artistes, trois disciplines et un dialogue prenant pour point de départ des expériences de vies partagées entre le Maroc, le Liban, la Californie et Paris. Telle a été l’ambition de l’exposition temporaire Garden of memory, la troisième du genre depuis l’ouverture officielle, en octobre 2017, du Musée Yves Saint-Laurent de Marrakech.

Après Le Maroc de Jacques de Majorelle et Les robes sculptures de Noureddine Amir, Garden of memory a été pensée comme une « conversation » entre les artistes Etel Adnan (née en 1925 à Beyrouth au Liban), Simone Fattal (née en 1947 à Damas en Syrie) et Bob Wilson (né en 1941 à Waco au Texas, Etats-Unis). Une « discussion » qui ouvre « des espaces de récits pour interroger le monde dans lequel nous vivons, pour traduire des fragments de vie qui les ont menés respectivement d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, d’une culture à l’autre, d’une langue à l’autre », explique la commissaire de l’exposition, Mouna Mekouar.

Des extraits de Révélations de la Mecque (Al-Futûhât al-Makkiyya) d’Ibn Arabi réécrit sur les différentes stèles de Simone Fattal. Crédit : Fondation Jardin Majorelle / Photographies de Jaimal Odedra.Crédit: ©Fondation Jardin Majorelle / Photographies de Jaimal Odedra

Une conversation artistique fragmentée, car Garden of memory prend la forme d’un récit non linéaire avec une chorégraphie qui associe poésie, sons et sculptures. Cette dynamique est orchestrée par le poème de l’essayiste et peintre Etel Adnan – Conversation with my soul (III) – dans lequel il est question, selon la commissaire de l’exposition, « d’intérieur et d’extérieur, de perception et de paysage, d’environnement et de solitude. Un poème avec lequel l’artiste participe, à sa manière, aux rythmes de l’univers ».

Au-delà des sculptures

Robert Wilson, qualifié comme l’une des figures de proue de l’avant-garde théâtrale de Manhattan, interprète le même poème sur une musique de Michael Galasso. « Cette interprétation confère à l’exposition un rythme propre et génère un réseau de tensions fécondes », assure Mouna Mekouar, pour qui l’ensemble des sculptures de Simone Fattal répond par la suite à cette lecture en instaurant une « connivence profonde » entre les différentes œuvres.

A travers l’ensemble de ses sculptures, Simone Fattal cherche à percevoir la musique du monde. Crédit : Fondation Jardin Majorelle / Photographies de Jaimal Odedra.Crédit: ©Fondation Jardin Majorelle / Photographies de Jaimal Odedra

Fascinée par la pensée du soufi Ibn Arabi, l’artiste s’appuie sur le texte que consacre ce mystique aux anges dans les Révélations de la Mecque (Al-Futûhât al-Makkiyya), et le réécrit sur les différentes stèles qui poncturent l’espace d’exposition. « Ses sculptures – stèles, figures et anges – célèbrent, sous l’angle de la confidence, la faculté d’écouter et d’entendre, de percevoir et de recueillir. D’ailleurs, les sculptures placées au mur visent moins à donner forme aux anges qu’à révéler leur mission, celle d’écouter chaque individu, chaque être humain, et de consigner leurs dires et paroles », détaille la commissaire de l’exposition.

Les sculptures de Simone Fattal placées au mur visent à révéler la mission des anges. Crédit : Fondation Jardin Majorelle / Photographies de Jaimal Odedra.Crédit: ©Fondation Jardin Majorelle / Photographies de Jaimal Odedra

Au-delà des œuvres présentées, le cœur de Garden of memory réside dans « l’imperceptible trésor qu’elles renferment. C’est un espace paradoxal, un acte d’engagement, qui plus est un geste d’amitié et d’amour », poursuit Mouna Mekouar. En somme, un condensé d’émotions que le public marrakchi est invité à sentir et ressentir jusqu’au 16 septembre au musée Yves Saint-Laurent.

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