Le 26 septembre, l’Agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA) a annoncé l’octroi d’une subvention au ministère marocain de l’Energie pour financer l’ «étude de faisabilité pour la construction d’un terminal d’importation de GNL et d’installations de regazéification qui seraient reliés au Gazoduc Maghreb-Europe (GME)».
Confiée à la société américaine Lixia Capsia Gestionis LLC, cette étude « consiste à évaluer les sites potentiels de développement d’un terminal d’importation de GNL; une installation de regazéification pour fournir jusqu’à 5,3 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an; et un pipeline reliant le terminal d’importation de GNL au MEG », explique un communiqué de l’USTDA.
« Ce projet aidera à répondre à la demande croissante de gaz naturel au Maroc, tout en créant de nouvelles opportunités commerciales pour les entreprises américaines », déclare Thomas R. Hardy, directeur des affaires publiques de l’USTDA, cité dans le même communiqué.
Le coût de l’étude ? 1,5 million de dollars, nous confie le ministre de l’Energie Aziz Rebbah Aziz Rebbah. « C’est une étude très poussée sur la logistique globale du gaz au Maroc. Compte tenu de l’évolution des sites de production, l’étude donnera les meilleurs scénarios logistiques à adopter », poursuit le ministre, précisant « qu’elle doit définir aussi l’idée de l’institution publique-privée qui sera créée ».
« C’est une étude très profonde, avec tous les détails, sur la logistique dans toutes ces facettes ainsi que l’institution qui va voir le jour », insiste Aziz Rebbah. Quant au terminal, le ministre nous explique que le choix du site est fait. « Ce sera à Jorf Lasfar, c’est décidé, » tranche-t-il.
Jorf, vraiment ?
En 2014, le ministre avait présenté devant le roi Mohammed VI le plan « Gas to power » qui vise à augmenter la part du gaz naturel dans le mix énergétique marocain, pour réduire la part du charbon tout en réduisant la dépendance énergétique du Maroc vis-à-vis de l’Algérie.
Ce plan prévoit notamment la construction d’un terminal gazier à Jorf Lasfar, une jetée maritime pour accueillir les navires chargés de gaz naturel liquéfié (GNL), un espace de stockage, un gazoduc de 400 kilomètres, et des centrales électriques. Le tout nécessitant un investissement évalué à 4,6 milliards de dollars.
Dans une enquête parue en juillet, TelQuel démontrait que le choix de Jorf Lasfar était plus coûteux, comparé à une autre ville plus au nord, car éloigné du Gazoduc Maghreb-Europe et des centrales électriques de Tahaddart et Oued El Makhazine. « C’est une bêtise de faire le terminal à Jorf. […] Il va falloir construire une digue sur une partie très houleuse, » nous expliquait en outre une source au fait du dossier. « L’ONEE a toujours voulu faire ce projet soit à Tanger ou Nador soit à Kénitra. Akwa était pour Jorf Lasfar, car c’est là où sont concentrées ses capacités de stockage », poursuivait-elle.
Machine arrière ?
En décembre 2017, Aziz Rebbah avait déjà présenté un avant-projet de loi sur le secteur aval du gaz naturel qui prévoyait une série de mesures censées « donner un fort signal incitatif aux investisseurs, en particulier étrangers, pour développer l’infrastructure, équipement et réseau de transport et de distribution très peu développé aujourd’hui », selon la note de présentation de l’avant-projet. Tarifs, obligation de service public des acteurs impliqués ou encore régulation des monopoles pour le transport et la distribution, étaient ainsi détaillés.
Mais après une phase de commentaires, les choix stratégiques du projet de loi avait été remis en question par les acteurs amenés à jouer un rôle dans ce plan gazier. « Nous allons prendre en compte les différentes remarques et commentaires constructifs. Nous sommes en train de les analyser, mais il semble qu’il y ait des échos concernant le système de transport du gaz » , nous déclarait alors le ministre de l’Energie.
La majorité des observateurs se penchaient effectivement sur la Société nationale de transport du gaz (SNTG), une société privée que la loi créerait, pour assurer en situation de monopole le transport du gaz dans tout le Maroc, et dont l’État pourrait être actionnaire en apportant son gazoduc existant au capital (le Gazoduc Maghreb-Europe). Celle-là même dont Lixia Capsia Gestionis doit à présent « définir l’idée », selon le ministre.
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