« A Marrakech, Macron prévoit de vendre la France à l’ONU », la folle rumeur qui circule parmi les Gilets jaunes

En signant le pacte mondial sur les migrations, le 10 décembre prochain à Marrakech, Emmanuel Macron « veut céder la France à l’ONU pour remplacer les Français par les migrants ». C’est la folle rumeur qui circule depuis quelques jours sur les pages des Gilets jaunes.

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La diplomatie sur Twitter, par Emmanuel Macron. Crédit: AFP

Contesté par la Hongrie, la Pologne, Israël ou encore les États-Unis, le pacte mondial sur les migrations devrait être signé lors d’un sommet attendu les 10 et 11 décembre prochains à Marrakech par plusieurs autres pays membres de l’ONU dont la France. Pour ce faire, Emmanuel Macron pourrait se déplacer au Maroc. Un déplacement potentiel mal perçu par une partie des Gilets jaunes. La raison ? Une folle théorie qui circule actuellement sur la Toile selon laquelle le président français envisagerait de « vendre la France à l’ONU pour remplacer ses citoyens par des immigrés ».

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« Islamiser la France »

Des vidéos appuyant cette rumeur circulent en effet en masse depuis quelques jours sur plusieurs pages Facebook des partisans de ce mouvement français de contestation. Celles-ci font croire à un plan ficelé par l’ONU pour contraindre les États invités à signer le pacte à accepter une « immigration massive ». « Une autre version de la rumeur prétend qu’Emmanuel Macron démissionnera une fois cet acte accompli, laissant notre pays à la merci de l’ONU », relèvent Les Décodeurs du Monde.

D’autres publications repérées par France info vont encore plus loin. Un internaute assure ainsi que ce pacte aurait pour objectif « d’islamiser » la France avec l’arrivée de « 900.000 immigrés supplémentaires par an« , ce qui, selon lui, conduira à un « chaos total ».

« Il faut l’arrêter avant qu’il (Emmanuel Macron, ndlr) signe (…) le 10 décembre », alerte un message posté sur la page Facebook de l’événement Acte 4 Mobilisation Gilets jaunes. « Je demande à l’armée d’arrêter le plus rapidement possible Emmanuel Macron avant qu’il aille signer le pacte sur l’immigration à l’ONU… Une fois signé, plus de 4 millions d’immigrés arriveront en France ! », écrit un autre internaute. « La France dépendra entièrement de l’ONU et les migrants auront tous les droits sur notre territoire. (…) Il faut rassembler des milliers de Gilets jaunes pour prouver à Macron que le peuple est déterminé », avance une autre publication.

Une intox de droite

Comme le relèvent encore Les décodeurs du Monde, l’intox  a pris germe dans « l’Amérique de Donald Trump ». « Fin 2017, le président américain, suivant sa logique souverainiste et toujours à l’affût de symboles forts, annonce qu’il boycottera la conférence de lancement du pacte, puisque les États-Unis ne signeront pas ce texte. Ils seront au départ les seuls, avec la Hongrie de Viktor Orban, puis Israël et l’Australie. À côté des manœuvres diplomatiques, la machine à propagande de l’alt-right, la droite suprémaciste américaine qui le soutient, se met en branle. Son navire amiral, le site Breitbart, a consacré plus de 250 articles au global compact, volontiers associé au nom du milliardaire américain d’origine hongroise et de confession juive, George Soros, bête noire de Steve Bannon et des penseurs du mouvement », analyse le média français.

Depuis, la polémique est arrivée en Europe, « où le refus de la Hongrie a inspiré plusieurs formations », notamment en Autriche, en Suisse, en Belgique. Début 2018, celle-ci débarque en France où elle est reprise par l’extrême droite française. « Relayée par quelques élus d’extrême droite, dont le député européen Bernard Monot, durant l’été, la campagne anti-pacte peine à intéresser un public plus large en France, jusqu’à la fin octobre et la décision surprise de l’Autriche », soulignent encore les journalistes des Décodeurs.

En novembre, le sujet commence à faire du bruit du côté des Républicains après une tribune signée par Eric Ciotti dans Le Figaro, évoquant le risque d’un « droit à l’immigration opposable ». Le débat arrive alors au même moment chez les Gilets jaunes avec plusieurs messages estimant qu’Emmanuel Macron « profite de l’agitation pour faire passer le pacte en toute discrétion ».

Aujourd’hui, le magazine français conservateur Valeurs actuelles va jusqu’à dire que l’inquiétude des Gilets jaunes est « légitime » puisque « qu’au nom des droits de l’Homme, l’ONU cherche là à imposer sa vision d’un monde sans frontières où les flux migratoires ne sont que richesses et bienfaits pour les pays d’accueil ».