Hausse des frais pour les étrangers : Les universités françaises appellent à la "concertation"

Dès la rentrée 2019, les frais universitaires pour les étudiants étrangers en France seront quasiment multipliés par dix. Une mesure jugée "précipitée" et comportant des risques d'exclusions, selon des présidents d'universités françaises, qui appellent le gouvernement au dialogue.

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Ce jeudi 18 juillet, plus de 7.500 bacheliers ont passé le concours d'entrée en médecine à Casablanca. Crédit: AFP

La France doit mieux accompagner et accueillir les étudiants qui ont été acceptés dans nos formations, et pour cela elle doit faire les efforts nécessaires pour améliorer la qualité de l’accueil dans nos universités et dans nos villes. » Suite à l’annonce du gouvernement d’augmenter, dès la rentrée 2019, les frais de scolarité en France pour les étudiants non européens, des présidents d’universités et de certaines grandes écoles exhortent l’Exécutif à suspendre cette mesure ‘ »le temps qu’un groupe de travail (…) et les ministères concernés » se concertent afin d’en « préciser les modalités d’application ».

En plein contexte de crise des Gilets jaunes, et alors que depuis une semaine étudiants et syndicats universitaires revendiquent l’annulation de cette disposition, c’est dans un communiqué diffusé le 10 décembre sur le site de la Conférence des présidents d’université en France (CPU) que les professionnels du secteur sont à leur tour montés au créneau.

Dans la publication, intitulée « Étudiants internationaux : il est urgent d’ouvrir la concertation », les membres de l’association estiment que « la France a besoin des étudiants internationaux qui contribuent à son développement et à son rayonnement dans le monde »,  mais regrettent « qu’aucune concertation sur ce point n’ait été organisée en amont ».

Mieux « accueillir »

Selon le gouvernement français, cette hausse des frais universitaires – qui seront quasiment multipliés par dix – s’inscrit dans le contenu du programme « Bienvenue en France », qui a notamment pour objectif « d’accueillir 500.000 étudiants internationaux dans l’Hexagone à l’horizon 2027 » , avait déclaré le Premier ministre.

Cela en améliorant entre autres « les conditions d’accueil » des étudiants hors Espace économique européen (EEE) et en « finançant davantage de bourses ».  À noter que la France accueille actuellement un peu plus de 320.000 étudiants étrangers, dont 40.000 d’entre eux sont Marocains.

Face aux contestations suscitées par l’annonce de cette mesure, l’Exécutif s’est justifié en précisant que cette hausse ne représentait qu' »un tiers du coût réel” d’un étudiant étranger pour les finances publiques. Concrètement les frais augmenteront de la manière suivante : de 170 euros en licence à 2.770 euros, de 243 euros en master à 3.770 euros, et enfin de 380 euros à 3.770 euros en doctorat.

Ouvrir le dialogue

Si les membres de la Conférence des présidents d’université en France estiment que le plan « Bienvenue en France » propose des mesures « positives et attendues », comme celle de la simplification des procédures administratives pour l’obtention de visas, ils défendent que « l’augmentation générale des droits d’inscription annoncée ne constitue pas une réponse adaptée, puisquelle « porte en elle le risque important d’exclure des étudiants et des doctorants que nous accueillons aujourd’hui .

En réponse à ces inquiétudes, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a répondu le même jour dans une lettre relayée par l’AFP. Elle rassure en répétant que les étudiants étrangers concernés installés dans l’Hexagone « depuis plusieurs années », et ceux qui sont déjà scolarisés dans une université française, continueront à débourser « les mêmes frais d’inscription que les étudiants européens ».

Et d’assurer qu’« une concertation » aura bien lieu dans les jours qui suivent, sans toutefois indiquer de date précise. Une main tendue qui pourrait peut-être, comme l’espère l’association, permettre à la France de « continuer à être le 1er pays d’accueil hors pays anglophones ».