La réalité virtuelle pour soutenir les victimes de violence domestique. Telle est l’ambition du collectif Ta7rir et de son application « Flana ». Après le jeu de cartes « Tayka » pour raconter un Maroc au-delà des stéréotypes, la bande-dessinée « Oncle Rahal » qui démystifie les cursus scolaires et le podcast sonore « Maqha” (café) pour s’inspirer des artistes, Ta7rir s’attaque à un phénomène social majeur au Maroc : la violence domestique à l’encontre des femmes.
En recourant à la réalité virtuelle, l’application « Flana » (en période de test et adaptation de contenu), déclinée sous forme d’un jeu téléchargeable sur Android, ambitionne « de diagnostiquer les types de violences domestiques que les femmes subissent, » résume ainsi l’entrepreneur Karim El Hamri, fondateur de Ta7rir. Pour ce faire, un questionnaire comprenant trente questions en darija (une version amazighe verra le jour à court terme) est destiné aux utilisatrices, ces dernières peuvent y répondre en secouant la tête. Une démarche pensée pour que l’application soit « accessible aux femmes analphabètes, principales victimes du fléau sociétal, » assure-t-il.
Une fois le questionnaire achevé, il en résulte un guide pratique, lui-même en darija, qui propose aux utilisatrices les lieux d’écoute et de soutien proches de leur localisation, les lois en vigueur criminalisant les violences domestiques et les « best practices » pour surmonter les difficultés post-violence. Mais, le collectif ambitionne également de « plaider pour la mise en place de mesures de sauvegarde visant à protéger les femmes vulnérables confrontées à la violence domestique, et adopter des dispositions efficaces pour lutter contre les pratiques socioculturelles préjudiciables aux femmes, » aspire l’entrepreneur.
« Flana » se veut également un outil nécessaire pour les associations œuvrant dans ce domaine. « Selon un rapport national publié en 2016, les femmes confrontées à ce genre de violence osent désormais faire entendre leurs souffrances”, se félicite Karim El Hamri. “Notre application est destinée également aux associations qui fournissent des conseils juridiques, psychologiques aux victimes de violences domestiques. » Pour le fondateur de Ta7rir, l’automatisation de la phase de diagnostic et de reporting des meilleurs pratiques pourrait avoir un impact considérable sur les soutiens fournis par ces associations.