Trump défend le mur sur un ton solennel mais reste inflexible

Donald Trump a tenté mardi de rallier les Américains à son projet de mur à la frontière avec le Mexique, mettant en avant ce qu'il a appelé une "crise humanitaire" mais ne faisant aucune concession ou proposition nouvelle.

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Une résolution “visant à limiter les actes militaires du président à l’égard de l’Iran” sera votée ce 9 janvier. Crédit: AFP

Lors d’une allocution solennelle de neuf minutes depuis le Bureau ovale, le président des Etats-Unis a mis en garde contre les immigrants illégaux qui font couler « le sang américain » mais a cependant renoncé à lancer une procédure d’urgence exceptionnelle qui aurait mis le feu aux poudres à Washington Au 18e jour d’un « shutdown » qui paralyse partiellement les administrations fédérales, il a repris les arguments qu’il assène depuis des semaines par tweets interposés, provoquant de vives réactions des démocrates qui l’accusent de jouer sur la peur de manière irresponsable et de prolonger l’impasse budgétaire.

« Ce soir je vous parle car nous assistons à une crise humanitaire et sécuritaire grandissante à la frontière sud« , a-t-il lancé depuis la pièce la plus célèbre de la Maison Blanche d’où furent prononcés nombre d’allocutions restées dans l’histoire, comme celle de John F. Kennedy au plus fort de la crise des missiles soviétiques à Cuba Il a une nouvelle fois réclamé 5,7 milliards de dollars pour « une barrière en acier plutôt qu’un mur en béton« . Promesse emblématique de sa campagne, le mur est à ce jour resté lettre morte, les démocrates refusant de débloquant des fonds pour ce qu’ils qualifient de solution « médiévale« .

Ces derniers, opposés au financement de ce mur qu’ils jugent « immoral« , coûteux et inefficace, ont immédiatement dénoncé l’absence de main tendue du président, l’exhortant une nouvelle fois à « rouvrir le gouvernement ». « Le président Trump doit cesser de prendre les Américains en otages, doit cesser de créer de toutes pièces une crise » migratoire et humanitaire à la frontière, a lancé le présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Les négociations budgétaires sont au point mort: depuis plus de deux semaines, quelque 800.000 fonctionnaires fédéraux sont contraints soit à rester chez eux, soit à devoir attendre la fin du blocage pour être payés. Et le record du plus long « shutdown » de l’histoire pourrait bientôt tomber: 21 jours, entre fin 1995 et début 1996, sous le présidence de Bill Clinton. Après 24 heures d’intenses spéculations à Washington, M. Trump n’a finalement pas annoncé le recours au « National Emergencies Act » qui lui aurait permis de contourner le Congrès et de s’appuyer sur l’armée pour construire l’édifice. Mais il a mis en avant la nécessité, impérieuse selon lui, de mener à bien son projet, éloignant l’espoir d’une sortie rapide du shutdown.

« Quelle quantité de sang américain devra encore couler avant que le Congrès ne fasse son travail ?« , a-t-il lancé, essayant de prendre ses concitoyens à partie. « Au fil des ans, des milliers d’Américains ont été brutalement tués par ceux qui sont entrés illégalement dans notre pays et des milliers d’autres vies seront perdues si nous n’agissons pas tout de suite« , a-t-il ajouté, prenant des accents dramatiques.

Durant la campagne et depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans, le président a envoyé des messages très différents –et parfois contradictoires– sur la longueur et la nature exacte du mur qu’il espérait. Depuis quelque temps, il émet l’idée d’un mur fait de barres verticales en acier et non en béton dans l’espoir de rendre le projet plus acceptable pour les démocrates. Mais ces derniers n’ont pas du tout été sensibles à l’argument.

Mercredi, Donald Trump participera à un déjeuner au Congrès avec les sénateurs républicains et recevra les élus des deux bords à la Maison Blanche. Jeudi, il se rendra à la frontière sud « pour rencontrer ceux qui sont en première ligne » de ce qu’il appelle une « crise de sécurité nationale ». « Cela fut improductif« , a réagi d’un tweet laconique la sénatrice Kamala Harris à l’issue de l’allocution présidentielle très attendue.