Theresa May avait fondé tous ses espoirs là-dessus. Un traité de sortie « douce » négocié pendant dix-sept mois, un divorce à l’amiable d’avec l’Union Européenne. Mais mardi soir, le Parlement britannique a vu les choses autrement. L’accord a été rejeté, sur un score sans appel : 432 voix contre, 202 voix pour. Il n’en fallait pas plus pour voir resurgir la possibilité du « no deal » (« pas d’accord » en français), le Brexit dans sa version sèche. Mais trois scenarii sont encore possibles pour l’éviter.
Le premier scénario est celui de la renégociation du traité avec l’Union Européenne. C’est celui que Theresa May privilégie. Mais le timing est serré. La sortie officielle du Royaume-Uni de l’UE est en effet fixé au 29 mars. Un nouvel accord demanderait d’être ficelé avant le 21 janvier, afin d’être présenté à temps au vote des députés britanniques. La cheffe du gouvernement a proposé dans cette optique des discussions entre partis pour déterminer la voie à suivre.
Reporter la date de sortie de l’UE
La seconde option est celle du report. Celui-ci consiste à repousser l’entrée en vigueur du Brexit à une date ultérieure au 29 mars. Selon les traités de l’UE, un report de date est juridiquement possible. Ce délai permettrait au gouvernement britannique de gagner un peu de temps pour négocier un nouvel accord. Seulement, le gouvernement britannique doit en faire la demande officielle aux Vingt-Sept. Theresa May arrivera-t-elle à convaincre ses députés d’approuver le report ? Rien n’est moins sûr. À signaler que la livre sterling a bondi après l’annonce du rejet de l’accord mardi soir. Cette réaction positive de la devise britannique indique que les marchés financiers, hostiles au Brexit, parient eux sur l’option du report.
Le troisième et dernier scénario est celui du second référendum. Cette possibilité, très populaire auprès des europhiles, possède de gros inconvénients. En recourant de nouveau au référendum, Theresa May prendrait en effet le risque de scinder un peu plus une société britannique déjà très divisée. De plus, si le nouveau référendum donnait la victoire aux partisans du « No » au Brexit, les tenants du « Yes » s’empresseraient de demander un troisième référendum pour confirmer le précédent. Et ainsi de suite. Du reste, la Première ministre a toujours écarté l’idée d’un second vote populaire, qui semble donc très improbable.
Le spectre du « no deal »
« Jamais le risque d’un »no deal » n’a paru aussi élevé ». Les mots sont de Michel Barnier, négociateur en chef de la Commission européenne chargé de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni. Le « no deal » est particulièrement redouté par les acteurs économiques installés au Royaume-Uni. S’il advenait, ceux-ci perdraient du jour au lendemain tous les avantages liés au marché intérieur de l’Union. Les taxes aux frontières seraient rétablies, provoquant une flambée soudaine du prix des importations, qui arrivent de l’UE pour plus de la moitié d’entre elles. Coupé du reste de l’Union, les établissements financiers verraient quant à eux leur base de clients se réduire drastiquement. Des grandes banques et des compagnies d’assurances ont d’ores et déjà assuré qu’elles quitteraient le Royaume-Uni dans le cas d’un Brexit dur. Selon les économistes, une sortie sans transition provoquerait en outre un effondrement de la livre et un acroissement du chômage.