Tariq Ramadan porte plainte contre trois de ses accusatrices

L'islamologue suisse Tariq Ramadan a déposé trois plaintes contre trois femmes qui avaient porté plainte contre lui pour viol. D'après les informations de RTL, l'enquête de la police judiciaire met à mal certaines accusations.

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Tariq Ramadan, 55 ans, a été inculpé le 2 février pour viols - Crédit: Crédit : Mehdi Fedouach/AFP

Plus de trois mois après sa remise en liberté, Tariq Ramadan contre-attaque. L’islamologue a fait savoir par son avocat, le 22 février, qu’il avait déposé trois plaintes pour “dénonciation calomnieuse” et “dénonciation d’une infraction imaginaire” contre ses trois accusatrices. À l’origine de cette information, la radio française RTL précise que les dépôts de plainte ont eu lieu à Lille, Montpellier et Rouen, villes de résidences de Mounia Rabbouj, Christelle (nom d’emprunt donné par les médias au début de l’affaire) et Henda Ayari.

Les deux dernières plaignantes sont à l’origine de la mise en examen, le 2 février 2018, du théologien suisse de 56 ans pour des viols qu’il n’a eu de cesse de contester. Depuis, Tariq Ramadan a passé neuf mois en détention provisoire avant d’être remis en liberté sous condition en novembre. Désormais, l’islamologue multiplie les démarches offensives contre ses accusatrices. Il assure avoir bien eu des “relations sexuelles violentes”, mais que celles-ci étaient “consenties”, chose que les plaignantes réfutent.

La version de Christelle mise à mal par les enquêteurs

RTL, qui a pu avoir accès aux plaintes déposées, constate que l’avocat du prédicateur, Emmanuel Marsigny, “se livre à un réquisitoire en règle contre les ‘les fausses accusations de viol’ dont son client serait l’objet”. Il en veut pour preuve, les résultats provisoires de l’enquête menée par la brigade criminelle de la Police judiciaire (PJ) parisienne.

C’est notamment la version de Christelle qui serait mise à mal par l’enquête, notamment par une photo du public d’une conférence donnée par Tariq Ramadan à Lyon, le 9 octobre 2009. D’abord identifié par les avocats de Ramadan, le visage de la plaignante aurait été expertisé avec un indice de confiance “modéré à fort” par les enquêteurs, explique RTL. Une conférence à laquelle la plaignante nie avoir pris part, puisqu’elle affirme avoir été violée et frappée, avant d’être séquestrée pendant toute la durée de l’allocution du conférencier.

La plainte s’appuie également sur un SMS envoyé par Christelle à Tariq Ramadan dans lequel elle écrit : “Si je n’avais pas aimé je serais partie”. La version du théologien et de son avocat est que ce message a été envoyé le lendemain du viol présumé. La plaignante, elle, affirme que le SMS a été adressé deux mois avant les faits. D’après les informations de RTL, les enquêteurs estiment quant à eux “que le SMS a été envoyé après les faits”.

Mails, déliquescence et démise en examen

La défense de Tarik Ramadan déroule le même procédé pour Henda Ayari, qui affirme avoir été violée par le prédicateur dans un hôtel parisien en 2012. Cette dernière avait porté plainte, s’appuyant essentiellement sur un échange de mails où elle écrivait notamment : “Tu sais que j’ai beaucoup aimé… J’espère que tu as gardé un bon souvenir de moi comme moi de toi, même si c’était court”. Or, d’après RTL, la brigade criminelle estime que ces mails “mettent à mal les déclarations et les accusations de la plaignante”. Dans la plainte déposée contre cette quadragénaire, l’islamologue affirme que cette dernière “n’a eu de cesse de lui écrire et de le solliciter pour avoir des rapports sexuels, et cela jusqu’en 2014”.

Enfin, pour le cas de Mounia Rabbouj, qui accusait Ramadan de neuf viols entre 2013 et 2014, la plainte de Tariq Ramadan s’appuie sur la centaine de messages et vidéos à caractère sexuel échangés durant cette même période. D’après des révélations de l’Express, ce mercredi, celle-ci aurait de surcroit fait part à un interlocuteur de sa volonté de “quitter l’affaire”, en août dernier. Un point qu’elle confirme, quelques semaines après : “Je ne partais pas à la base pour plainte (sic) pour viol”, dit-elle, estimant avoir été “manipulée”.

Au total, cinq femmes ont porté plainte contre Tariq Ramadan pour agression sexuelle, trois en France, une en Suisse et une aux États-Unis. Les trois plaintes en France font toujours l’objet de procédures devant les tribunaux français. Les trois plaintes déposées par Tariq Ramadan, désormais placé sous contrôle judiciaire en région parisienne, n’auront pour l’heure aucun effet sur la procédure, rappelle RTL. Toujours mis en examen pour les viols de Christelle et Henda Ayari, l’islamologue a déposé deux demandes de “démise en examen”. La justice française devrait statuer sur cette question le 14 mars.