Köhler dans les starting-blocks pour “Genève II”

Ces dernières semaines, Horst Köhler a rencontré chacun de son côté le Maroc, l’Algérie et le Polisario. Objectif : préparer avant la fin du mois de mars une nouvelle table ronde sur le conflit du Sahara, sur le modèle de celle qui s’est tenue en décembre à Genève.

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Pressé de lire sa déclaration à l'issue de la table ronde de Genève sur le Sahara le 6 décembre, Horst Kohler se rate en enfilant ses lunettes. Crédit: Fabrice COFFRINI / AFP

Comme il l’avait annoncé fin janvier devant le Conseil de sécurité de l’ONU, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara arrive au terme d’une série de rencontres bilatérales avec les parties au conflit du Sahara. Horst Köhler prépare en effet la prochaine table ronde avec le Maroc, l’Algérie, le Polisario et la Mauritanie, sur le modèle de celle qui s’est tenue en décembre dernier à Genève. À l’issue de cette rencontre inédite depuis la fin des pourparlers de Manhasset en 2012, les participants à la réunion avaient convenu de se donner rendez-vous à nouveau au “premier trimestre 2019”.

Profitant d’une visite de deux jours aux Pays-Bas à l’invitation de son homologue Stef Block, le ministre des Affaires étrangères algérien Abdelkader Messahel a déjà rencontré Horst Köhler à Francfort en février en préparation d’un “Genève II”.

Tour d’Europe

Dans la foulée, le ministre marocain des Affaires étrangères, en provenance de Niamey, rencontrait lui aussi Horst Köhler, le 27 février. Selon nos informations, la rencontre s’est déroulée à l’ambassade du Maroc à l’ambassade du Maroc à Paris.

Une réunion plus discrète que la précédente, puisque cette fois-ci aucune image de l’entrevue n’a été rendue publique. Une délégation marocaine, composée de Nasser Bourita, Omar Hilale, représentant du Maroc à l’ONU, et des présidents des régions de Laayoune-Sakia El Hamra et de Dakhla-Oued Eddahab, avait en effet rencontré Köhler à Lisbonne en mars 2018, en prévision de la table ronde de Genève de décembre.

Déjà à l’époque, le Maroc avait préféré éviter que cette réunion bilatérale ne se tienne à Berlin, pour éviter d’impliquer l’Allemagne. Il avait proposé Paris ou Lisbonne. Le choix du Maroc s’est donc cette fois-ci porté sur Paris. Une manière de marquer une différenciation avec le Polisario qui rencontre Köhler les 4 et 5 mars dans la capitale allemande. Comme annoncé par Horst Köhler au Conseil de sécurité, la table ronde “Genève II” devrait se tenir avant la fin du mois de mars. La date précise n’a pas encore été rendue publique.

Diplomatie de la fondue

À l’issue de Genève I, les parties autour de la table avaient signé une “Déclaration de Genève sur le Sahara” dans laquelle ils reconnaissaient “que la coopération et l’intégration, et non pas la confrontation, constituent les meilleurs moyens de faire face aux défis de la région”. Les quatre délégations se sont également toutes mises d’accord sur le fait que “résoudre le conflit permettrait de contribuer à l’amélioration des vies des habitants de la région”.

Le Maroc allait alors à Genève pour “évaluer la capacité des parties à avancer vers une solution”, selon nos informations. Selon une source diplomatique marocaine, Genève I était “le premier test qui a montré que certaines choses sont respectées. Respect de la délégation marocaine dans ses différentes composantes, respect de la position marocaine.

Dans un article de décembre 2018, The New Yorker racontait une anecdote savoureuse sur le contexte de ces discussions. À l’issue du premier jour de discussions, les participants se sont en effet retrouvés dans un restaurant pour une fondue suisse. “Les Européens ont dû expliquer aux parties comment on mange une fondue, et ça a été efficace pour rassembler”, rapporte The New Yorker. Le média américain cite “un officiel proche des discussions”. Selon la même source, à la fin du diner, Abdelkader Messahel appelait Nasser Bourita par son prénom.

Dans un autre ordre d’idée, une source autorisée marocaine nous explique que le Maroc défendra à nouveau à Genève les termes de la résolution 2440 du Conseil de sécurité d’octobre 2018. Celui-ci prorogeait le mandat de la MINURSO pour une durée de six mois, mais posait aussi dans son paragraphe 2 “qu’il convient de faire des progrès dans la recherche d’une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis”. Traduction d’une source diplomatique marocaine dans la perspective de Genève II : “Il faut à présent concrétiser cette résolution. Et tout ce qui n’est pas ‘réaliste, pragmatique et durable’ sera donc à écarter”.