Mariage des mineurs: Amina Bouayach plaide pour l’abolition de "l’exception"

La présidente du Conseil national des droits de l’Homme veut en finir avec l’exception accordée aux juges pour autoriser le mariage des mineurs. Une pratique qui, selon elle, est devenue la norme au Maroc.

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Capture d'écran

Amina Bouayach veut en finir avec le mariage des mineurs. Dans une vidéo diffusée ce 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) plaide pour l’abolition de l’exception prévue par la Moudawana pour autoriser le mariage des mineurs, en fonction de l’appréciation du juge.

Si le Code de la famille entré en vigueur en 2004 précise que « la capacité matrimoniale s’acquiert, pour le garçon et la fille, jouissant de leurs facultés mentales, à dix-huit années grégoriennes révolues », il donne aussi la possibilité aux juges de valider le mariage de mineurs. « Le juge de la famille chargé du mariage peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l’âge de la capacité prévu à l’article 19 (ndrl, 18 ans), par décision motivée précisant l’intérêt et les motifs justifiant ce mariage, après avoir entendu les parents du mineur ou son représentant légal, et après avoir eu recours à une expertise médicale ou procédé à une enquête sociale », dispose notamment l’article 20 de la Moudawana.

Une campagne de sensibilisation

Pour l’ancienne ambassadrice du Maroc en Suède, fraichement nommée à la tête du CNDH, cette « exception est devenue la règle » en la matière. « La problématique est que de 2004 à aujourd’hui, le nombre des mariages des mineurs n’a fait qu’augmenter et le nombre des drames humains et des violations de l’intégrité physique à l’égard des filles avec (…). Il est temps d’ouvrir le débat sur une question qui est urgente et essentielle », explique Amina Bouayach dans cette vidéo.

Pour y remédier, le conseil a lancé le 6 mars une campagne de sensibilisation. Une série d’activités de sensibilisation sera organisée, dans un premier temps, par les Commissions régionales des droits de l’Homme (CRDH) jusqu’au 16 mars, en concertation avec des juges, des avocats, des journalistes, des professeurs et des acteurs de la société civile. Des témoignages de victimes du mariage de mineurs vont être présentés, indique le CNDH dans un communiqué. Des films documentaires seront également projetés dans plusieurs villes.