Le FMI espère une transition "ordonnée" du régime de change du Maroc

De passage au Maroc, une équipe du FMI a dressé le bilan économique et financier du Royaume. Si la mission a salué les efforts fournis dans les domaines de la gestion budgétaire et de la diversification de l'économie, elle met néanmoins en garde le pays contre la fragilité de son économie et l'appelle à poursuivre l'assouplissement du régime de change.

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La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, à Tokyo le 4 octobre 2018. Crédit: AFP PHOTO / Kazuhiro NOGI

Réunie du 19 mars au 3 avril pour un examen dans le cadre de la ligne de précaution et de liquidités (LPL) approuvée en décembre 2018, une équipe du Fonds monétaire international a rendu ses conclusions sur la situation économique du Royaume. La seconde phase de l’assouplissement du régime de change a été abordée.

Dans un communiqué publié mardi 2 avril, Nicolas Blancher, le chef de la mission, a estimé que la situation actuelle du royaume “continue d’offrir une fenêtre d’opportunités pour avancer dans cette transition (du régime de change, NDLR) de manière progressive et ordonnée”. Ce dernier a relevé dans cette optique que “les réserves de change sont restées à un niveau confortable, équivalent à environ cinq mois d’importations”.

Un chômage structurel chez les jeunes

Si la délégation salue “la gestion budgétaire et la diversification de l’économie” opérées par les autorités financières marocaines, elle déplore en revanche que “le chômage, en particulier chez les jeunes, demeure élevé”. Et selon Nicolas Blancher, cette réalité n’est pas de nature à favoriser “une croissance plus élevée, durable et plus inclusive” dans le Royaume. Selon le Haut-Commissariat au plan (HCP), sur les 1,17 million de chômeurs que comptait le Maroc en 2018, 65,7% sont âgés de 15 à 29 ans.

D’un point de vue plus général, et tenant compte “des réformes structurelles importantes” qui ont été menées par l’État marocain, Nicolas Blancher a rappelé l’urgence d’améliorer “la qualité de l’éducation, le fonctionnement du marché du travail et le taux d’activité des femmes, ainsi que l’environnement des affaires”.

Au niveau macroéconomique, les prévisions de la mission du FMI voient la croissance marocaine « se stabiliser » en 2019. À moyen terme, si le pays poursuit ses réformes structurelles, la croissance pourrait remonter à 4,5%. Cependant pour le FMI, elle reste exposée aux chocs extérieurs en raison de sa fragilité: “La croissance reste sujette à des risques liés à la conjoncture dans les pays avancés et émergents, aux prix mondiaux des produits énergétiques, et à la volatilité sur les marchés financiers mondiaux”. 

Renforcer l’indépendance de BAM

Côté financier, le secteur est “bien capitalisé” et les risques menaçant la stabilité financière “limités”. La mission du FMI appelle toutefois le Maroc à “limiter les risques liés à l’expansion des banques marocaines en Afrique grâce à une collaboration renforcée avec les autorités de supervision des pays hôtes”. Par ailleurs, les experts pressent les autorités marocaines d’adopter “la nouvelle loi sur les statuts de Bank Al Maghrib qui renforcera l’indépendance de la banque centrale et son rôle en matière de stabilité financière”.

De plus, l’équipe de Nicolas Blancher juge positivement « l’action du Conseil de la concurrence et la mise en oeuvre d’une nouvelle stratégie financière », deux éléments qui ont contribué à assainir “le climat des affaires”. Enfin, la mission apprécie les efforts du Maroc pour “réduire les inégalités” qui passera par “l’établissement d’un registre social unique”.

Pour rappel, le Maroc bénéficie depuis décembre 2018 de la reconduction pour 24 mois de la ligne de précaution et de liquidités octroyée par le FMI. Équivalent à 3 milliards de dollars, cet instrument financier vise à doter les pays économiquement fiables de ressources en liquidités propices à les protéger en cas de chocs extérieurs inattendus. Jusqu’à présent, le Maroc n’a jamais fait usage de sa LPL.