A qui profitera, ou pas, le Brexit ? Alors que l’incertitude demeure quant à l’issue des discussions sur les modalités de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) a publié, le 9 avril, un rapport complet sur les gains et les pertes des partenaires commerciaux britanniques.
Dans le scénario du “no-deal” – le départ du marché unique et de l’union douanière sans période de transition -, le Maroc ferait partie des perdants du Brexit. Le Royaume verrait ses exportations à destination du Royaume-Uni amputées de 97,1 millions de dollars (environ 86 millions d’euros).
Le Maroc, huitième perdant en cas d’un “no-deal”
Le marché britannique représenterait, selon le rapport, 11% des exportations du Maroc. Ce manque à gagner ferait du Maroc le huitième partenaire commercial à souffrir du scénario de la sortie de l’Europe. Le rapport onusien souligne que les pays gravitant autour de l’Union européenne seraient les plus touchés par ce manque à gagner. Le Maroc arrive après des pays comme l’Équateur, la Suisse, le Cambodge, l’Islande, la Norvège, la Corée du Sud, la Turquie, et l’Union européenne.
À l’échelle nord-africaine, la Tunisie apparaît comme le deuxième marché le plus impacté, avec 48,8 millions de dollars amputés. Elle est talonnée par l’Égypte avec une perte de 41,3 millions. L’Algérie, elle, y perdrait également, mais bien moins que ses voisins avec seulement 4,5 millions de dollars en cas de divorce entre Britanniques et Européens.
“Le Brexit n’est pas seulement une question régionale”, a commenté Pamela Coke-Hamilton, responsable de la division Commerce international à la CNUCED. “Quand le Royaume-Uni aura quitté ses 27 partenaires de l’Union européenne, cela altérera la capacité des pays n’appartenant pas à l’UE d’exporter vers le marché britannique”, a-t-elle ajouté.
La Turquie, lourdement impactée
Un no-deal “affecterait de manière significative les conditions d’accès au marché britannique des pays en voie de développement comme des pays développés« , estime le rapport de la CNUCED.
Le Royaume-Uni est un important partenaire commercial pour de nombreux pays émergents, dont les exportations ont bénéficié jusqu’à présent de conditions très favorables d’accès au marché britannique, grâce notamment aux régimes préférentiels de l’UE, relève la CNUCED. La Turquie, en ce sens, serait la deuxième plus grande perdante en cas de “no-deal”. Elle serait en effet privée de 2,4 milliards de dollars d’exportation.
Avec 3,5% du commerce mondial et 680 milliards de dollars de marchandises en provenance du reste du monde, le marché britannique pourrait faire perdre gros à l’UE en premier lieu. Plus de la moitié des exportations britanniques proviennent des pays européens, qui risquent, en cas de “no-deal”, d’être amputées de près de 35 milliards de dollars.
Chinois et Américains se frotteraient les mains
Si certains peuvent commencer à broyer du noir, d’autre pourraient s’en réjouir. Si Londres quitte l’UE sans accord pour protéger ses actuels partenaires commerciaux, cela “augmenterait la compétitivité relative de grands pays exportateurs comme la Chine ou les Etats-Unis ”, poursuit Pamela Coke-Hamilton.
En effet, selon les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), un pays ne peut accorder un traitement préférentiel à un partenaire commercial et doit appliquer les mêmes taxes à tous, excepté en cas d’accord commercial.
La Chine pourrait ainsi empocher 10,2 milliards de dollars (9 milliards d’euros) supplémentaires d’exportations vers Londres. Les Etats-Unis engrangeraient de leur côté 5,3 milliards de dollars (4,7 milliards d’euros). Le Japon peut espérer voir ses exportations vers le Royaume-Uni gonfler de quelque 4,9 milliards de dollars. Ce chiffre se situerait à 4 millions de dollars pour la Thaïlande, 3 milliards pour l’Afrique du Sud. Par ailleurs, l’Inde, le Brésil, la Russie, le Viet Nam, la Nouvelle-Zélande, le Canada, l’Australie, les Emirates Arabes Unis, le Bangladesh, l’Indonésie et l’Argentine sont aussi susceptibles d’engranger des gains, selon la CNUCED.