Notre-Dame: Plus de 500 millions d'euros de don pour une reconstruction titanesque

Ce lundi, la cathédrale Notre-Dame de Paris était en proie à un incendie ravageur. Le jour d'après, un élan national s'est mis en place pour la reconstruction du monument emblématique au cœur de Paris. 855 ans après sa construction, comment la reconstruction va-t-elle s'amorcer?

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Le 15 avril, un incendie ravageur a touché la cathédrale Notre Dame de Paris. Crédit: AFP

Ce lundi, un incendie accidentel sur un chantier de rénovation au sein de la cathédrale a ravagé Notre-Dame de Paris. La flèche de la bâtisse s’est écroulée dans le début de la soirée suite à la destruction d’une partie de la charpente et de la toiture. 855 ans d’histoire, partiellement partie en fumée. “Notre Drame”, titrait le quotidien français Libération ce matin.

Mais l’évènement n’a pas fait la Une des journaux qu’en France. Des médias d’Angleterre, d’Espagne, des Etats-Unis ou d’Italie ont également dédié leur couverture à la catastrophe qui a frappé la plus vieille dame de Paris. En attendant les résultats des expertises et le bilan final des dommages causés, après un feu définitivement maîtrisé par les sapeurs-pompiers dans la nuit, les travaux de restauration s’annoncent colossaux.

Une longue reconstruction

Après plus de deux siècles de construction, initiés en 1163, l’incendie du 15 avril a ravagé et mis en danger une partie de l’édifice. Eric Fischer, directeur de la Fondation de l’Oeuvre Notre-Dame, a annoncé hier : “les travaux de restauration dureront des décennies. Les dégâts vont être considérables. Nous expérimentons la conservation d’éléments sous forme numérique qui faisaient l’objet jusqu’à présent de copies en plâtre. Pour le reste, on sait à mon avis tout faire, retravailler la pierre, refaire les vitraux… cet évènement va certainement nous conforter dans la philosophie que développe la Fondation depuis le Moyen Age: la transmission du geste et du savoir. Parce qu’il ne suffit pas de conserver le patrimoine. S’il est détruit, il faut savoir le reconstruire. C’est le véritable enjeu « .

C’est donc un challenge colossal qui attend les équipes de reconstruction et de préservation du patrimoine national qui vont devoir s’appuyer sur des images d’archives et de la sauvegarde numérisée des plans pour œuvrer à la reconstruction de l’édifice. Le tout englobera l’intégralité des corps de métier dans le domaine de la restauration. “Il y aura évidemment des travaux sur la pierre, de charpente, de métallerie, les installations techniques, comme l’électricité, l’éclairage, la couverture…”, déplore Eric Fischer.

Aujourd’hui, l’ampleur et le coût des travaux à mener ne sont pas connus. Cependant, dans l’émission Lenglet Co sur RTL, le journaliste François Lenglet expliquait que “les travaux qui étaient en cours au sein de la cathédrale qui visaient à rénover la flèche, certaines statues, etc., étaient estimés à 150 millions d’euros. On imagine donc que ces nouveaux travaux de restauration, bien plus importants, se chiffreront en plusieurs centaines de millions, voire en milliard d’euros”.

L’argent collecté de France ne sera en effet qu’une partie des fonds récoltés pour l’occasion. Les campagnes de dons sont ouvertes à l’international et compte sur l’engouement de grands donateurs. “L’association des amis de Notre-Dame a également ouvert une antenne aux Etats-Unis il y a plusieurs années, permettant aussi aux donateurs américains de bénéficier de réduction d’impôts aux Etats-Unis”, explique François Lenglet.

L’élan national

Le soir même du drame, le président Emmanuel Macron visiblement ému annonçait la mise en place d’un programme de reconstruction national. “Je vous le dis solennellement, cette cathédrale, nous la rebâtirons, tous ensemble. C’est une part du destin français. Dès demain, et je m’y engage, une souscription nationale sera lancée. Nous ferons appel aux plus grands talents”, promettait le président français. L’engouement national a amené certaines des grandes fortunes du pays comme Bernard Arnaud, PDG de LVMH, à annoncer un don de 200 millions d’euros pour contribuer à la reconstruction de l’édifice. François-Henri Pinault, directeur du groupe de luxe Kering, a quant à lui annoncé que sa famille débloquerait 100 millions d’euros pour aider à la restauration de la cathédrale. La région Île-de-France a débloqué 10 millions d’euros d’aide d’urgence. Dans le début d’après-midi, les médias français confirmaient que le groupe L’Oréal avait décidé de financer les travaux à hauteur de 200 millions d’euros également.

La catastrophe a été fédératrice en France où les personnalités politiques de tous bords se sont montrées solidaires de l’évènement. Il en est de même pour la sphère religieuse. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a témoigné “de son immense tristesse” et a lancé un appel aux dons pour contribuer à l’élan de solidarité national dans la reconstruction du site de Notre-Dame. “Le CFCM appelle les musulmans de France à participer à l’effort financier pour la reconstruction de ce chef-d’œuvre architectural qui fait la gloire de notre pays”, déclare le Conseil, dans un communiqué. Même élan du côté de la communauté juive de France à travers le CRIF.

Douze heures à peine après les faits, le site français participatif Dartagnans, spécialisé dans la récolte de fonds à destination du patrimoine et de la restauration des sites artistiques et culturels, lançait la campagne “Notre-Dame de Paris, je t’aime” qui a déjà récolté plus de 40.000 euros. La campagne est disponible dans 44 pays du monde et se terminera dans 44 jours. Ces fonds permettront d’œuvrer à la reconstruction de l’édifice. De même pour la fondation du patrimoine qui a lancé une campagne de dons pour procéder aux travaux qui démarreront après la clôture des enquêtes.