Aziz Ghali : "La pression des autorités sur l'AMDH s'est accentuée récemment"

Tout juste nommé président de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), Aziz Ghali, affiche les ambitions de l'association dans un entretien accordé à TelQuel Arabi.

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Lors de son Congrès national tenu à Bouznika du 26 au 28 avril, l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) a élu un nouveau président. Aziz Ghali, pharmacien de profession est devenu le nouvel nouvel homme fort de l’AMDH. Dans une interview accordée à TelQuel Arabi, l’ancien président du bureau régional de l’association à Kénitra estime que son élection est « une victoire pour la démocratie » au sein de l’AMDH, car son nom était « inconnu » du grand public.

Q : Président de l’AMDH, que signifie ce nouveau statut pour vous ?

Pour moi, ce choix confirme qu’il existe bel et bien une démocratie en bonne et due forme au sein de notre association. Personne ne connaissait Aziz Ghali à l’exception des membres souvent actifs. C’est à dire que le poste est à prendre, pour n’importe quelle personne qui dispose d’une ancienneté de trois ans au sein de l’AMDH. A titre personnel, j’estime que le poste de président est un couronnement de plusieurs années de militantisme au sein de l’association, puisque j’en fait partie depuis 1989.

Q : Vu le contexte actuel, quelles sont les priorités de l’AMDH ?

Il y a trois priorités que nous considérons comme « principales ». Premièrement, mon élection intervient lors d’un congrès dont le slogan tournait autour de la Charte nationale des droits de l’Homme. La suite logique veut que le travail fourni durant mon mandat se penche sur ce point. Nous devons également unir nos revendications (avec les autres associations, ndlr) pour défendre les droits de l’Homme et faire de cette charte notre plus grande priorité. La troisième priorité consistera à se focaliser sur le droit d’accès à la santé des citoyens. Nous ne négligerons pas pour autant les droits culturels et économiques des Marocains.

Q : Plusieurs branches de l’AMDH n’ont pas pu voir le jour, alors que l’association entretient des relations compliquées avec les autorités. Comment vous allez gérer cette situation ?

Nous ferons la même chose que depuis 1979. Nous avons toujours travaillé sous la pressionset nous continuerons à le faire. Nous continuerons de militer et de porter nos revendications. Nous ne demandons pas à l’Etat de nous réserver un traitement spécial, car tout ce que nous demandons c’est le respect des libertés publiques et du droit de manifester. La pression n’a jamais été un frein pour l’AMDH, mais récemment, je confirme que la pression s’est accentuée.

Q : Comment percevez-vous la nomination de certains visages connus du militantisme, à la tête d’institutions officielles qui s’occupent des droits de l’Homme ?

Ce n’est pas nouveau. L’Etat a toujours nommé des visages représentants la gauche à des postes sensibles, en matière de droits de l’Homme. Les responsables ont toujours tiré profit de la réputation de ces personnes pour donner une fausse impression, surtout vis-à-vis de l’étranger, et faire croire que le Maroc avance bien en termes de droits humains, alors que ce n’est pas du tout le cas. Les responsables de ces institutions pourraient être à l’initiative, or ce n’est pas le cas. À titre d’exemple, le Conseil national des droits de l’homme avait dressé un rapport concernant les détenus du Hirak, mais ce rapport n’a jamais été dévoilé. Ces institutions officielles doivent jouer leurs véritables rôles, pousser le Maroc a signé des conventions internationales, mais ne surtout pas se transformer en formes d’annexes qui prônent une quelconque politique.