Au Maroc, les délais de paiement, se sont encore creusés de 2 jours supplémentaires par rapport à l’an dernier. C’est ce que révèle une étude récemment publiée par le groupe d’assurances et de crédit Euler-Hermès, classant le Maroc à la 4e place des plus mauvais élèves au monde en terme de délais de paiement sur l’année 2018. 84 jours en moyenne, tous secteurs confondus. Un délais en augmentation, alors que la moyenne mondiale s’est réduite d’une journée pour atteindre 65 jours en moyenne, tous secteurs confondus.
Au Maroc, ces difficultés restent l’apanage des entreprises privées. Le premier secteur touché, et de loin, est celui de la technologie avec 133 jours qui s’écoulent entre la prestation du service et le paiement qui l’honore. “Un véritable frein à l’investissement à l’innovation pour notre économie. Ces délais tuent l’industrie de notre pays,” déplore Hammad Kassal, directeur de la commission financement et délais de paiement à la CGEM, contacté par TelQuel.
Aujourd’hui, dans le secteur privé, ce sont plus de 400 milliards de dirhams de paiement qui sont échus, soit près de 40% du PIB national. Comme le disait le président de la CGEM, Salaheddine Mezouar lors d’une conférence sur les délais de paiement tenue le 19 février à Rabat, « ces retards ont vicié les circuits de l’argent et ont contaminé les transactions interentreprises du secteur privé ».
Les raisons de cette augmentation des déalis ? Hammad Kassal explique “qu’elles sont principalement liées à un mépris des petits commerçants et fournisseurs de la part des grosses structures clientes. Le manque de responsabilité social est également criant. C’est une culture marocaine de ne pas payer. Qui plus est, il y a un rapport de force inégal. Les petites entreprises ont peur de perdre leurs gros clients, donc ils ne disent rien par peur de représailles. Désormais, tu es un patron viril quand tu ne paies pas l’autre,” regrette-t-il.
La situation entre les entreprises privées et le secteur public, quant à elle, s’est améliorée de 19 jours depuis l’été dernier. “Le problème entre l’Etat et les entreprises privées, il est en train d’être isolé. L’Etat a mis un contrat programme en place pour décongestionner les entreprises. Il a d’ailleurs injecté 20 milliards de dirhams de TVA au niveau de l’OCP,” nous explique Hammad Kassal. Depuis le 2 mai dernier, un dispositif de dépôt de factures électroniques est disponible, via la plateforme “Ajal” dédiée à la réception et au traitement des réclamations des fournisseurs dans le but de diminuer les litiges entre acteurs publics et privés.