Plus d'une Marocaine sur deux affirme avoir été victime de violences

54,4% des femmes sont concernées par les violences au niveau national. Un chiffre dévoilé lors de la présentation de la deuxième Enquête nationale sur la prévalence de la violence faite aux femmes, le 14 mai à Rabat.

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54,4% des Marocaines interrogées affirment avoir subi une forme de violence au cours de leur vie. C’est ce qu’indiquent les résultats préliminaires de la deuxième Enquête nationale sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes. Présentée le 14 mai par la ministre de la Famille, de la Solidarité, de l’Égalité et du Développement social Bassima Hakkaoui, cette enquête vise à produire des données statistiques inédites sur les phénomènes de violences sexistes, à l’encontre des femmes, comme le prévoit la récente loi n° 103.13 sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes, en vue d’accompagner sa mise en œuvre. Les principaux points à retenir.

Les Marocaines et le harcèlement dans les lieux publics

Remarques gênantes, sifflements, insultes, violences physiques… Le harcèlement de rue est l’un des points les plus fréquemment soulignés lorsqu’il s’agit d’aborder cette question de société. D’après l’enquête du ministère de Bassima Hakkaoui, elles seraient 12,4% de Marocaines âgées de 18 à 64 ans à avoir déjà subi une violence en lieu public. Un pourcentage qui varie entre le milieu urbain et le milieu rural, dans le sens où les femmes dans monde rural, particulièrement au sein de la vie conjugale, sont plus exposées à la violence, avec 19,6 %, contre 16,9 % pour les femmes en milieu urbain. Un fait qui se remarque également dans le milieu estudiantin. L’enquête souligne ainsi que 25,5% des étudiantes en milieu rural sont exposées aux violences, contre 21,5% en milieu urbain. Au total,  54,4 % des femmes interrogées expliquent avoir subi au moins une forme de violence et environ un tiers (32,8 %) d’entre elles ont été victimes de plus d’une forme.

La moitié des Marocaines déjà victimes de violences conjugales ?

C’est ce qu’indique l’enquête, qui estime le taux de prévalence de la violence à l’égard des femmes est de 54,4 % au niveau national. Des chiffres qui font état d’un taux à 51,6% dans le milieu rural alors que le taux monte à 55,8% en zone urbaine. Des chiffres accablants, d’autant que l’enquête souligne que 54,4% des fiancées et 52,5% des femmes mariées ont été victimes de violence au niveau national.

La cyberviolence, l’autre fléau

13,4% de femmes interrogées déclarent être victimes de violence sur Internet. Celles-ci peuvent prendre plusieurs formes, allant du dénigrement à des messages incessants, voire conduire à des violences sexuelles. D’après l’étude, le harcèlement représente 71,2 % des actes de cyber violence.

Briser le silence, un pas difficile à franchir

6,6%. C’est le pourcentage de nombre de femmes violentées à avoir porté plainte contre leur agresseur. Autrement dit, un chiffre faible, qui descend davantage encore en milieu rural (4,2% contre 7,7% en milieu urbain).

La ministre de la  Famille et du Développement social, Bassima Hakkaoui, a expliqué que le silence figurait parmi les facteurs aggravants de “la tragédie des femmes violentées”, relaye la MAP. Seulement 28,2% de femmes ont osé parler des violences subies à une personne ou une institution. En milieu rural, elles sont moins de 21% à s’en être confié à une tierce personne.

(Avec MAP)